Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 417

Jour 417

Le samsara, ça pue

Il existe deux approches de l'existence très différentes l'une de l'autre, celle théiste et la proposition du Bouddha.

Selon la première, nous supposons que la vie est faite pour aller vers le bonheur, la rédemption, la toute jouissance. Et tous nos actes, intentions et pensées sont tournés vers le plaisir, le développement de soi, l'acquisition de tout ce qui pourrait nous rendre plus heureux. Nous pensons que tout peut être augmenté et amélioré. Tout notre temps, que nous travaillons ou pas, que nous soyons en santé ou pas, est employé à cela. Dans le domaine de la spiritualité, c'est une forme de matérialisme. Et même notre société (qui est nous) est fondée sur ce fantasme d'une croissance infinie. En d'autres termes, le samsara est soit une erreur à corriger, soit un terrain ordinaire sur lequel une quelconque élévation peut prendre place en tant que but de l'existence.

Selon Bouddha, aucune satisfaction n'est possible. Le samsara n'est pas enviable parce que la pleine satisfaction ne se produit jamais. Que les phénomènes puissent nous contenter est le produit d'un imaginaire névrotique incapable d'être sensible à l’insatisfaction (dukkha). Avant même d’évoquer le terrain illusoire et temporaire qu'est le samsara, Bouddha nous invite à nous relier à cette insatisfaction sous-jacente à nos pensées, paroles et actions. Il est facile de comprendre que dans la souffrance, il y a insatisfaction, c'est plus difficile dans le bonheur ou le bien-être. Il nous faut être plus subtil et admettre que dans le plaisir, par exemple, persiste l'angoisse de sa cessation et qu'elle est même une composante fonctionnelle du mécanisme du plaisir. Qu'un bébé naisse, la crainte de sa mort subite se tient déjà dans les plis de notre subconscient. Qu'un mariage ait lieu, l'idée du désamour fait son chemin dans l'ombre.

Dukkha, l'insatisfaction donc, n'est pas ici du domaine apparent. Il ne s'agit pas du mécontentement qui ne manque jamais d'arriver dans la vie courante. Nous parlons d'un flux continu inconscient induisant un stress sous-jacent. Un stress qui de toute façon sape à la base toute possibilité de jouir pleinement de quoique ce soit.

Ce stress n'est pas le produit du samsara lui-même mais résulte d'une connaissance directe, quoique inconsciente, de la nature même du samsara. La bonne nouvelle est que cette connaissance, qui est avant tout un ressenti, peut être mise au grand jour par la méditation, l'introspection, l'étude.

Nous voulons être unis aux objets de notre convoitise, séparés de ce que nous détestons, et rester fermés à ce qui nous indiffère. Il ne semble pas y avoir d’autres alternatives et la quête du bonheur reste une fuite en avant, la conquête de moulins imaginaires.

Quand nous arrivons à mettre en lumière cette insatisfaction fondamentale, un grand pas en avant est accompli. Nous reconnaissons et acceptons le samsara comme une situation non souhaitable. nous abandonnons toute quête et commençons à regarder les choses en face avant d'entreprendre de quitter cet abîme. Non pas pour rechercher le bonheur, mais la cessation de cette souffrance secrète. Une telle entreprise est un acte de sagesse incommensurable.

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