La perspective de l'Adi Yoga (Mahamudra ou Dzogchen) est l'expérience directe, rien de plus ni de moins.
Il ne s'agit pas de trouver une vérité car l'expérience, ineffable, se situe bien au-delà des perceptions et fabrications du mental. J'évoquerais plutôt la simplicité, la nudité.
Pour vivre cette expérience directe de la vraie nature ("vraie" dans le sens de dépouillé d'artifices) de l'esprit, nous devons sortir du dualisme ordinaire sous-jacent à la quasi totalité de nos préoccupations. Tout le Dharma est construit sur cet objectif de sortir du dualisme. La dualité existe, c'est un mode opératoire des dix-mille choses, mais le dualisme est une maladie de l'esprit.
Toutes les expériences ordinaires que nous vivons dans le samsara sont inconsciemment perçues comme des expériences directes. Mais il n'en est rien. Elles ne sont que le fruit de notre vision dualiste dont l'origine se trouve dans la croyance automatique en un "soi" logiquement opposé à un "autre". Nous avons une relative confiance dans nos perceptions ordinaires, mais la vie nous démontre pourtant qu'elles ne sont pas fiables, ni stables et soumises constamment à l'impermanence.
Si nous laissions aller les perceptions et fabrications mentales, nous serions aux portes de l'expérience directe. Cela signifie que tout ce qui est perçu et vécu l'est tel que c'est et que nous allons jouer notre propre partition, celle de "ce" que nous sommes vraiment : la perfection originelle commune à tout ce qui est.
Mahamudra ("le "Grand Sceau") désigne le contenu inexprimable de l'expérience directe. Sa localisation est l'espace infini, son message est le grand silence, sa texture est la vacuité et son mode opératoire est l'amour inconditionnel.
Sur cette base de la Perfection Originelle, tous les phénomènes sont vécus et appréciés en tant que fantaisies de la grande Maya, ou encore le Jeu Magique, une fête cosmique qui ne manque ni d'humour ni de rebondissements.
