Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 409

Jour 409

En vrac

Ceci est un mystère que je ne sais bien expliquer. Pour commencer, tout le monde s'accorde à penser qu'un état de vie heureux est plus souhaitable qu'un état de vie malheureux, et aussi que ce qui est bien est supérieur à ce qui est mal. Jusque là... ça va.

Pourtant, lorsque l'esprit demeure en sa propre vacuité, qu'il est en contact avec la pureté légère et absolue de la conscience, cela est un million de fois plus appréciable que le bonheur. Qui y goûte ne peut revenir en arrière et se contenter du bonheur, même intense. Oui, c'est un mystère pour moi.

Ce monde, dualiste, est partagé entre le bien et le mal, entre le bonheur et le malheur. Mais il existe une troisième voie, bien au-delà de ce simple clivage. Je pense que c'est le propos de la quête spirituelle, à condition qu'elle soit précisément débarrassée du rejet du malheur et de la quête du bonheur, en un mot libérée du "matérialisme spirituel" ambiant.

Quand nous demeurons dans la Claire-Lumière, paisible et attentif, nous pouvons apprécier l'infini des joies et peines des êtres et de nous-mêmes, mais en même temps nous apprécions les champs purs, les paradis dénués de dualité, les êtres d'autres dimensions, les effluves du silence, les circonvolutions du Cosmos, les bouddhas des trois temps, les champs de mérites se transformant en somptueux palais... bref, l'immensité exubérante de l'Univers. Et pourtant, l'esprit demeure neutre, vide, pur, empli de félicité simple et douce au milieu de tout cela. Peur du malheur et quête du bonheur se sont effondrés.

Je pensais autrefois que le monde était pollué par nombre d'opinions et de croyances générant toute sortes de systèmes iniques auxquels chacun s'attache pourtant. En réalité, le monde entier est opinions et croyances, uniquement cela. Et c'est pourquoi nous n'avançons pas sur la voie de la libération. Notre esprit est accaparé par des myriades de vérités partielles et partisanes.

Nous devrions nous tenir dans la vacuité de la Claire-Lumière, car ici les opinions n'ont pas leur place. Seul l'opportunité d'un alignement se fait jour, et chacun sait spontanément ce qui est bon ou mauvais pour lui. Le poison des uns est le nectars des autres. Il est inutile d'en référer aux croyances en cours, aux études, aux discours, aux systèmes validés. Tout cela est d'une grande violence envers soi-même.

Demeurer au-delà des joies et peines, dans la simplicité de la conscience nue, c'est ce que je vis d'instant en instant. Cela m'empêche de parler pour ne rien dire. Parfois, un sourire suffit.

Et puis, il reste la bodhichitta, cet élan du cœur, puissant et irrésistible en direction des êtres. Je le sais bien, ils ne sont qu'apparences construites sur ma méprise du soi, mais ils ne le savent pas et ont besoin du soutien de ce grand espace de Claire-Lumière, même si cela n'est que le fait de leur propre conscience. Nous n'avons pas besoin d'aimer. C'est d'ailleurs impossible car l'amour est l’état naturel de l’interconnexion cosmique. Même l'interconnexion est impossible car c'est déjà ainsi. Il importe d'être dans la simplicité absolue de la Claire-Lumière et cela est vu, apprécié, pleinement à l’œuvre.

A ce jour, seul m'importe de vivre dans la compassion et la vacuité, bodhichitta et shunyata, unis comme un couple cosmique.

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