Vienne la nuit sonne l'heure; les jours s'en vont je demeure. Guillaume Apollinaire

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On ne peut rien rapporter du Samâdhi. Si souvent je me suis dit "cette fois, je reviendrai les bras chargés de trésors de sagesse et de gerbes de lumière..."

J'aurais aimé pour ma famille, mes amis et aussi pour toi qui vient à l'Atelier de méditation, rapporter de tels trésors. Tu sais, comme cet Oncle d'Amérique, qui a tout réussi et rejoint les siens avec de merveilleuses histoires à raconter et trainant derrière lui un sac plein de cadeaux. Mais on ne peut rien rapporter du Samâdhi.

C'est un lieu parfait, un espace paisible et lumineux, une présence incontournable... et tu laisses tout en place : bien trop effrayant de briser cette harmonie! Et trop vaste pour tes épaules, trop intelligent pour ta cervelle! Non, on ne peut rien rapporter du Samâdhi. Oh, peut-être en revient-on moins idiot, moins crispé? Plus d'humour ou de clarté? Peut-être que quelque chose change petit à petit? Oui, petit à petit car on refuse d'en rester là, et l'on y retourne fissa, une,deux, mille fois!

Samâdhi : c'est là-bas que j'habite. Le seul "là-bas" qui me rend à ma demeure ordinaire, à cette immédiateté de l'existence. Le seul "là-bas" qui montre le Paradis ici-même. Le seul ailleurs où je puis être là! Chez moi.

Tu ne rapporteras rien du Samâdhi. Ne sois pas triste. C'est ainsi. Et si par miracle tu rencontrais un Oncle du Samâdhi aux mains pleines, ne le contrarie pas. Dis-lui : "Chouette!" et vas-t'en vite.

On ne peut rien rapporter du Samâdhi - mais on y trouve tout. Tout ce qui est là. Maintenant!