Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 146

Jour 146

Hier, je me voyais bien mourir, tranquillement en samadhi ou bien en dormant. Et puis, finalement aujourd'hui, non... C'est chiant, hein ?

Quand tu es en fin de vie et que la mort arrive, tu n'as pas le choix : l'heure c'est l'heure et tu dois te débrouiller avec ça. Mais moi, j'ai l'impression d'avoir encore le choix, ce qui est peut-être faux d'ailleurs, et ça rend les choses plus compliquées car un choix, dans cette situation, ça se motive, et dans les deux cas.

La mort est selon Bouddha le quatrième item de la cause de la douleur. Il faut du temps pour comprendre l'importance de consacrer son existence à se préparer à sa propre mort pour qu'elle soit la plus douce, la plus lumineuse et salutaire possible. Quelle chance d'y songer dès le plus jeune âge ! Mais si tu as déjà la cinquantaine, il n'est pas trop tard pour y travailler. En fait, tout ce qu'exige la mort en termes de détachement de possessions, de richesse, d'agitation mentale et physique, d'émotions non souhaitables et bien d'autres choses encore, font partie de la pratique de son Dharma pour les vivants. Le détachement est un mode d'être qui permet une vie heureuse et libre et au bout du compte une mort sereine et sans remords, toujours dans les limites du karma bien sûr.

Mais ça ne se passe pas ainsi n'est-ce pas ? Nul n'est éduqué à cette approche et nous sommes plutôt enclins à la superficialité et l'agitation parfois jusqu'à maintenir un niveau de cupidité et d'hypocrisie tel qu'au moment final nous ne sommes pas du tout prêts à un passage serein et éclairé. Au contraire, il nous faut en un temps record apprendre à renoncer aux êtres et choses, à nous détacher même des pensées, pardonner, révéler peut-être des secrets (...) alors que l'énergie pour ce gigantesque travail est déjà partie !

Mais loin de moi l'idée de jeter des pierres car reconnaissons que nous avons besoin d'un certain niveau d'ignorance, voire de stupidité, pour déployer l'énergie nécessaire pour vivre, entreprendre, créer, inventer, fonder et assumer une famille, essayer d'améliorer la vie du monde, et finalement découvrir et jouir des aventures de l'existence. Disons que cela est le carburant du samsâra. La stupidité et l'hypocrisie fondamentale sont indispensables au bon fonctionnement et au maintien du samsâra. La réalité, c'est qu'il n'existe rien d'autre que le samsâra et ses innombrables propositions. En d'autres termes, sans la grande Maya (l'illusion) l'Univers n'existerait même pas.

Bouddha a juste suggéré : "ce monde du samsâra n'est peut-être pas inéluctable..." Si nous prenions sincèrement compte cette remarque, nous pourrions, tout en restant dans ce cercle tant infernal que vivant, envisager au plus tôt qu'il y aura une fin et qu'il serait bon de nous y préparer maintenant et non demain. C'est tout.

Je vois que dans nos sociétés, tout travail de détachement, d'effort, de discipline, qui est pourtant un des premiers vecteurs de la maturation psychique et de l'épanouissement bienheureux, est perçu et connoté de frustration, de perte et de tristesse.

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