Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 114

Jour 114

Il y a toujours ces bruits de casserole dans ma respiration. Pour l'instant, cela reste un peu un mystère...

J'ai essayé de faire quelques travaux dans la maison aujourd'hui. J'ai réussi ce que je voulais entreprendre. Cependant, dès qu'il s'agit d'utiliser la force, cela devient extrêmement difficile. J'étouffe et ne peux plus respirer. Je suis obligé de m'asseoir. D'autre part, je constate mon affaiblissement musculaire que je trouve maintenant dramatique. Pour exemple, si je m'accroupis, je ne peux pas me relever. Ce soir, après cette journée, je n'arrivais même pas à soulever les bras pour manger. Alors, je vais commencer à faire des exercices au plus vite.

C'est difficile d'accepter de devenir handicapé et d'avoir comme perspective de seulement être immobile ou d'avancer comme une tortue. Heureusement que j'ai perdu du poids car je me sens très léger et ne vois pas comment j'aurais pu me porter autrement. La Nature est bien faite, non ?

Depuis hier, on dirait que cela coïncide avec le rituel du feu, le continuum de conscience s'est transformé assez radicalement. Les expériences diurnes se prolongent dans les expériences nocturnes et inversement. Il devient ardu de distinguer ce qui provient de l'état de veille de ce qui vient de l'état de rêve. Les deux se chevauchent au point que des souvenirs de la nuit s'invitent le jour et de même dans l'autre sens.

Cela ne provoque pas en moi de sentiment de dualité. Je veux dire que je n'essaie pas de savoir ce qu'est l'un ou ce qu'est l'autre. Je constate, et je m'en fous ! C'est assez drôle. Mais à y regarder de plus près, il me semble que les expériences du jour sont plutôt factuelles et celles de la nuit portent plus sur le sens. Et la survenance d'expériences nocturnes en plein jour affectent celles plus factuelles. Mais il n'y a pas quelque chose de plus lourd d'un côté, ni de plus subtil de l'autre. Tout est sur le même plan malgré la petite nuance que je viens de dire. En revanche, la luminosité de la Claire-Lumière est toujours la même, de jour comme de nuit.

Aussi puissé-je vivre sur plusieurs plans à la fois, matériellement et spirituellement. Je crois que c'est possible parce que j'ai conscience que toutes les expériences, et tous les plans sont illusoires et vides par essence. Cette vacuité me permet de goûter pleinement à ce qui arrive. Cela semblera un paradoxe à certains mais ce n'est pas le cas. En général, les gens pensent la vacuité comme une sorte de "néant" ou une négation de ce qui se trame dans l'instant. Évidemment, c'est faux.

Imagine pour exemple un film projeté sur un écran de cinéma. Tout semble "réel"... jusqu'au moment où il te prend l'envie de percer l'écran de ta main. Tu t'aperçois aussitôt du subterfuge et une illusion se dissipe. Sur le Sentier, cette expérience est indispensable pour avancer. C'est un pré-requis, mais pas le plus important. Ce qui est déterminant pour la suite de l'aventure, c'est que cet événement ramène immédiatement ta conscience sur un autre plan, sur la situation réelle, celle de ton corps, de l'espace qui l'entoure, des autres personnes, etc. Tout ce que tu ne percevais pas tant tu étais dans un processus d'identification à l'histoire du film. La vacuité, c'est bien cet instant magique où on perce la toile de l'écran de cinéma, stoppant net l'illusion. (Quelque chose est faux mais l'illusion existe quand-même, bien entendu. Il ne faut pas l'oublier). Et la Claire-Lumière est ce que tu expérimentes une fois cette illusion démasquée. Du point de vue du samsâra, la Claire-Lumière est une expérience résiduelle relevant de cette dé-tromperie. En d'autres termes, la vacuité pointe la plénitude de tout ce qui est.

C'est dans un second temps, donc du point de vie de l'absolu, que l'on comprend qu'elle est en fait la Base Fondamentale, le Réel, l'état pleinement éveillé des bouddhas. C'est pourquoi les maîtres vénérés du Tantra de l'Union enseignent la Base avant toute chose, trésor qui ne peut être auto-révélé sans parcourir le Sentier. Cela s'appelle le "Vajra qui tranche à travers le samsâra". C'est le parcours inverse de la voie abrupte, longue et laborieuse, et dont la plupart des êtres ont toutefois besoin pour avancer d'un pas et correctement.

Bienheureux et bienheureuses sont les Adiyogis et Adiyoginis ! 😉

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *