Qui est Ksitigarbha

Ksitigarbha est considéré comme celui qui aide les êtres à sortir de l'enfer. En tant que Bodhisattva, il fit le vœu de ne pas atteindre l’Éveil tant que les mondes infernaux ne seraient pas "vidés" de leurs habitants. En réalité, ce vœu est en direction de tous les êtres sensibles, car chacun d'entre-eux est amené à connaître un jour ou l'autre la souffrance. Il a donc pas mal de travail... 😉

Il promet aussi de révéler à qui se lie à lui tous les enseignements du Dharma, même les plus secrets ou inaccessibles. Ksitigarbha est toujours prêt à subir les pires tortures pour venir en aide à qui le demande. La mission qu'il s'est choisie est la plus rude : apporter soulagement et consolation pour les êtres qui souffrent de l'enfer.

Son histoire

Dans son incarnation la plus ancienne relatée par les textes sacrés, Ksitigarbha était une jeune fille brahmane dont la mère mourut prématurément. Souffrant terriblement de cette séparation, l'enfant n'avait de cesse de la rechercher. Un jour, elle comprit que sa mère vivait dans le monde des enfers en raison d'actions karmiques négatives. Elle pu visiter ces mondes et la retrouver. Elle prit alors la résoluiton de tout tenter pour alléger ses souffrances.

Puis la jeune fille mourut à son tour. Un autre être vint au monde, puis un autre, et ainsi de suite, tantôt masculin, tantôt féminin. Au fil du temps, son vœu se consolida, embrassant toujours d'êtres à chaque instant. Sa volonté de renoncer à se libérer elle-même tant que son vœu ne serait pas réalisé devint indestructible. C'est à la suite de telles déterminations que Ksitigarbha prit forme en naissant quelques siècles avant notre ère. Contemporain du Bouddha Shakyamuni, il devint l'un de ses principaux disciples. Peu avant son parinirvâna, Bouddha lui confia la mission de "garder la Terre" en attendant le retour du futur Bouddha, Maîtreya(*).

Sa réalité symbolique

Ksitigarbha signifie "matrice de la Terre", ou "embryon de la Terre", et représente ce qu'il y a de plus originel de notre apparition dans le monde manifesté. Terre n'est pas sans rapport avec notre planète bien sûr, mais il s'agit ici du tattva terre, c'est-à-dire un des éléments de l'Univers en tant que manifestation tangible de l'énergie créatrice, prakriti. Il est donc en lien avec le premier chakra, celui de nos racines, celui de ce qui nous construit dans ce que nous avons de plus primitif, de plus solide, de plus essentiel, et sur lequel s'étagent tous les niveaux de notre être. Son bij-mantra est HA.
Pour celles et ceux qui se sont engagé(e)s dans l'atelier, vous avez dû sentir ou comprendre comment et en quoi Ksitigarbha touche en chacun cet enfant intérieur souffrant de la séparation de l'état lumineux et bienheureux due à la naissance dans le monde du samsâra. il incarne (plutôt que symbolise) cet embryon immuable et inaltérable à travers le temps, les illusions, les situations… De cette matrice fondamentale dont, bien que nous nous en sentions séparés, nous ne pouvons nous en départir tant elle originelle, primordiale, essentielle. Grâce au Dharma et à tous les Yoga qu'il porte, sa présence lumineuse pointe au travers de nos expériences hallucinées du samsâra et un jour dissipe notre folie. Se relier à Ksitigarbha incite le mental et le cœur à retrouver cette origine que l'on nomme Akash, l'Ether, ici l'infini de la conscience. D'ailleurs, Akashagarbha (Matrice du Ciel) et Ksitigarbha (Matrice de la Terre) font partie de l'assemblée des Huit Grands Bodhisattvas qui protègent notre chemin vers la grande émancipation. On les représente parfois côte à côte. Lorsqu'ils sont tous deux réunis (en soi-même) la racine et la cime de notre être sont reliées et la kundalini s'élève librement.

En tant que maître tantrique, Ksitigarbha est une manifestation ésotérique de la lignée du Dhyani-Bouddha Ratnasambhava. Ce dernier est également lié au monde des apparences dont la Terre fait partie. Ratnasambhava est dans son aspect confus l'orgueil et dans son aspect éveillé la générosité active, qualité essentielle justement de Ksitigarbha. En vous dévouant à ce Bodhisattva, vous pouvez transformer l'orgueil en générosité. L'orgueil est ici le fait de prendre les vérités relatives pour la vérité absolue, à la suite de quoi vos actes sont inconséquents, violents et source de souffrance pour vous et autrui. La générosité tantrique n'est pas le fait de pratiquer la charité, mollement et avec conformisme, mais celui de réaliser totalement que tous les êtres sont des émanations vivantes de la Claire-Lumière, de les honorer comme tels avec humilité et les servir.
Dans ses représentations ordinaires, ses attributs sont un bâton ornés de six anneaux (les six mondes du samsâra) qu'il tient dans la main droite et une perle cintamani (joyau qui exhausse les vœux) dans la main gauche. Il chevauche un lion bleu féroce, posant un pied à terre en signe d'hommage au Bouddha Maîtreya (seul Bouddha à s'asseoir à l'occidentale!) Le lion bleu est la transformation d'une chienne qui l'accompagne dans ses pérégrinations, elle-même l'incarnation de sa mère qui, on le voit, est enfin sortie des enfers pour traverser l'expérience animale en bonne compagnie.

Dans sa forme tantrique, Ksitigarbha tient seulement la perle cintamani dans la main droite, parfois un miroir montrant la Vérité de Cela-Qui-Est. Sa peau est jaune, couleur de son Maître Ratnasambhava.

Dans sa forme secrète, il est la vibration HA.

Sa réalité pratique

Lorsque vous pratiquez Ksitigarbha pour la première fois, il n'est pas rare d'être bouleversé, attendri, envahi d'émotions... C'est normal. Sa pratique -brassant fortement les premiers chakra- réveille des émotions enfouies, oubliées ou refoulées. Elles reviennent à la conscience du yogi et malmène la rigidité et/ou le confort douillet de son mental. Quand cela se produit, c'est une petite épreuve à accepter et à traverser. Elle est bénéfique : ce qui surgit disparaît à jamais et ne reviendra plus. C'est un effacement karmique. Vous devez le savoir, vous en réjouir et éviter de re-créer les conditionnements mentaux. En parallèle de ces désagréments, si votre mental est affiné par la pratique de la méditation et du yoga, vous pouvez éprouver un état de conscience très pur, serein et atemporel. S'ouvrir à l'aspiration profonde et pure qui vous a animé jusqu'à ce jour et la laisser vous guider, c'est cela l'enfant intérieur qui traverse le temps. C'est cette indomptable certitude que protège et exalte Ksitigarbha.

En préliminaire de toute pratique tantrique, il est bon de méditer sur la Vacuité avant de s'engager dans la sadhana et méditer encore sur elle après. La vacuité est l'expérience de l’Éveil. Il n'y en a pas d'autres. Les autres activités sont seulement au service de cette grande Vacuité. Ce sont d'habiles moyens pour avancer plus vite, et aussi en sécurité. Le mental, baignant dans la Clarté de la Vacuité, reçoit alors les flots d'émotions, les joies, les peurs... en connaissance de leur impermanence, ce qui permet à l'esprit de les laisser se dissoudre. De plus, il ne peut s'attacher aux pratiques, aux visualisations, aux mantra... Il est comme une prison dont les barreaux s'ouvrent pour permettre à cet enfant intérieur de s'élancer dans le ciel pur de la Connaissance Primordiale. En résorbant ensuite votre création dans l'espace neutre de la Vacuité, toutes choses seront intégrées comme simples projections de votre esprit, laissant votre conscience ouverte dans la joie pure de l'état d'Union Primordiale. Cet état, ou plutôt cette expérience est la condition initiale de l'esprit dans lequel les Apparences et le Vide sont Un.

Comprenez qu'une pratique tantrique s'établit sur cette base vide, même si le Vide n'est encore qu'un vague concept pour le débutant. Méditez en comprenant que tous les phénomènes sont vides d'existence propre, et que ce vide est leur nature fondamentale. Laissez surgir Ksitigarbha de cette Vacuité et permettez-lui de vous guider et de faire un bout de chemin avec vous. Ensuite, laissez-le retourner là d'où il vient. Et soyez reconnaissant, à l'aise et profitez de l'expérience.

Lorsqu'on désire se lier à Ksitigarbha, il est bon de commencer la journée en lui rendant hommage. En tant que Gardien de la Terre (le monde manifesté, l'incarnation, les tangibles...) il vous a porté toute la nuit et continuera de le faire pendant la journée. Assis sur le bord du lit, les deux pieds nus bien posés au sol, les mains accomplissant son mûdra, chantez son mantra et laissez-le s'élever en vous. Très tôt le matin, Ksitigarbha entend tout ce que vous lui dites.

Pour en savoir plus, et surtout pour aller plus loin (postures, mantras, visualisations, pratique...) venez vous entraîner à l'Atelier!

(*) A propos de Maitreya, ceux qui sincèrement se lient à l'énergie subtile de Ksitigarbha n'ont pas de difficulté à démasquer les "gentils conspirateurs nouille-âge" qui se présentent aujourd'hui comme le nouveau Bouddha, le Messie syncrétisé! Et d'ailleurs rien n'indique que Maitreya ait pris ou prenne la forme d'un être humain, d'un extra-terrestre, d'un ange, d'un oscillateur intergalactique trucmucholdé... Il pourrait être tout aussi bien la conscience de l'Humanité propre à l'Ère du Verseau en plein balbutiements. AH !