La première fois que -furieusement- s'est réveillé en moi l'énergie de Kundalini, malgré une posture de qualité très médiocre, tous "mes corps" se sont arc-boutés, redressés, nettoyés... et le maintien de chaque membre, chaque muscle, organe, est soudain devenu parfait, onctueux et lumineux. C'était le mûdra de Vairocana, la posture initiale et courante de méditation. Depuis ce jour, j'ai une profonde confiance dans les dires insistants des yogi anciens et des maîtres au cœur aimant.

La raison en est simple : toutes les "acrobaties" que nous apprenons ont été transmises par eux, non-pas sur des bases conceptuelles, mais en tant que manifestations corporelles de leurs propres changements intérieurs, qui de toute évidence sont communs à l'humanité (une fois débarrassés de leurs exotismes). Chaque geste (mûdra), posture (asana)... est une préfiguration de ce qui "va se passer" au moment où la roche de nos aliénations s'effritera, s'attendrira ou même se dissoudra. Le maintien et la correction de la posture est comme un aspirateur de l'état lumineux et bienheureux de la genèse de notre propre courant de conscience. La respiration aussi. C'est pourquoi, la posture correcte doit être envisagée au-delà de toute morale, au-delà de l'héroïsme, et seulement en tant qu'anticipation de l'émergence de la Clarté Fondamentale.

Lorsqu'on pose une éponge sèche sur un sol humide, elle se gorge d'eau. C'est le principe de l'entraînement. Nous avons l'eau (le geste) et l'éponge (soi-même). D'instant en instant, toutes les conditions sont réunies. Il est juste question de poser l'éponge au bon endroit.

Non! Ne la jetez pas!