Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Samsara

Samsara

J'ai la niaque, mais je n'ai pas de mérite. Je n'ai rien fait ni rien cultivé pour en arriver là. Je vais toujours au bout, mettant ma vie en jeu et n'ayant rien à perdre. Quelle chance, quelle joie !

Ça ne s'est pas fait tout seul.

Au sortir de la "p'tiotitude", je ne voulais pas vivre dans ce monde qui était pourtant moins cynique et consumériste que celui d'aujourd'hui. Je voulais vivre vite et mourir tout aussi rapidement. Alors, j'alternais entre la contemplation des nuages que je trouvais être la plus belle création qu'aucun artiste ne pourrait égaler et de bonnes cuites avec mes potes. De quel côté faire pencher la balance ? Doit-elle pencher d'ailleurs ? Insupportable dualité...

Ce qui naissait en moi, c'était la terreur d'avoir à affronter ce monde : l'hypocrisie, la violence, la manipulation, la superficialité, et les désirs (déjà) programmés par les prêtres de la Sainte-Croissance. Tout ce que je sentais de bon, de poétique et d'amical n'était pas dans cet univers sauf en de rares occasions. Quel ado conscient n'a-t-il pas ressenti cela ?

Toutes les conditions étaient réunies pour que se forme dans mon cœur un irrémédiable désintérêt du samsara, cette perpétuelle renaissance, pas seulement de renaissances, mais l'incessante réitération des obsessions, des névroses, des peurs... En un mot : mettre fin à cela ou bien mourir !

Alors, je me suis battu, avec cette force qu'ont les désespérés, avec la patience de l'éléphant, avec la grâce d'un singe volant dont la chute est continuellement envol.

Et j'ai réalisé mes objectifs. J'ai réalisé que je n'ai rien réalisé. Réalisé que le samsâra n'est qu'un rêve et qu'il vaut la peine de le rêver tant qu'on le caresse délicatement, tant qu'on y danse comme on valse avec une inconnue, belle et prête à s'évanouir, Mlle Mâya.

Détourner son esprit du samsara, y mettre la force du désespoir, s'élever au-dessus des attachements et des peurs, c'est cela la porte d'entrée du yoga. C'est cela qui donne le pouvoir et la divinité. Poussé par le destin, encore une fois, je n'ai pas eu de mérite mais dois pourtant dire la vérité, celle que cachent tant de sages et de sorciers par peur de solitude ou de pénurie de clientèle : sur le Sentier, si tu ne mets pas ta vie en jeu, tu n'auras ni la force ni l'heur de retourner la galette ! Le Sentier, quel qu'il soit, restera de la peinture dorée sur les barreaux de ta prison.

C'est mieux que des barreaux rouillés bien sûr, mais en attendant, entend cela mon ami-e.

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