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Le Vide, Shunyata, n'est pas... rien, mais l'essence même de toute apparence.

Nous ne pouvons pas contrôler le flux naturel des choses, qu'elles soient objets, évènements, pulsions, désirs... même si nous en avons parfois l'illusion. Ou l'ambition. Cette impossibilité même est le Vide. Ce n'est pas un déficit, ni une qualité, ni un défaut mais la condition nécessaire du cycle de création et de disparition des "dix-mille choses" (dharma). Le Vide est donc une impossibilité, elle-même essence ou base de la richesse tumultueuse de l'Univers.

Aussi, dans la méditation, est-il stupide de vouloir apprivoiser le Vide, de vouloir le connaître, de vouloir s'y mélanger. Nous n'avons qu'une chose à faire : nous laisser apprivoiser par lui, nous laisser aller au stade de l'autoconnaissance, nous ouvrir à l'espace du mélange primordial.

L'impossibilité du Vide est la base de tous les possibles. Et tous les possibles s'évanouissent en lui, continûment.

Bien-aise

Je regarde la lune

Qui me regarde

La regarder

Loin d'un anthropomorphisme acté, regarder (du point de vue du Vide), c'est être, tout simplement être. Je peux m'exclamer "je suis!" Mais à l'instant même où je lâche prise, je sais qu'en fait "je n'étais pas vraiment" mais survolais plutôt, et avec paresse, l'écume des apparences sans pouvoir y être, sans pouvoir en jubiler.Le Vide demeure : c'est ma Demeure. Et la demeure du Vide est pleine, pleine des fantaisies universelles comme de l'Unique Saveur.

Crédit photo : Arnaud Frich