Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 215

Jour 215

J'aime beaucoup parler du "Guerrier Spirituel" car cela fait sens pour moi dans le cadre de l'Adi Yoga, et peut-être pour vous aussi. C'est en fait une adaptation moderne de l'expression "Bodhisattva" qui signifie "Être d’Éveil".

Mais je peux le faire aussi d'une façon plus actuelle et politique. Politique, car tout comportement humain est "politique" dans le sens noble du terme. Voici un slogan que je propose :

"La souveraineté individuelle est ce qu'il reste lorsqu'on est soi-même fusse au prix de soi-même."

Les animaux, les plantes et mêmes les minéraux sont naturellement souverains. Ils n'ont même pas à y penser. L'humain pourrait l'être aussi. Seulement, nous nous enorgueillons comme êtres de langage, de pensée et de connaissance des trois temps, ce qui fait de nous des êtres complexes, sophistiqués et créatifs. Dès la petite enfance, ce panel de compétences et de libéralités lentement et souvent chèrement acquises recouvre peu à peu la simple souveraineté de chacun et l'affuble d'un fatras, pas toujours réjouissant, de strates familiales, sociales, culturelles et psychologiques de tous acabits.

De "sujets" nous devenons "objets" à notre insu. Et notre époque le démontre à merveille qui voit de discrètes élites mépriser, diviser, asservir et assassiner des populations à une échelle devenue désormais mondiale. En tant qu'objet, un être humain peut difficilement avoir conscience du fardeau qu'on lui fait porter. Au contraire, il en rajoute lui-même, par lâcheté pour les plus conditionnés, par conformisme ou frayeur pour les autres. Il n'y a pas de coupable à rechercher sur le fond. C'est ainsi que fonctionne le samsâra depuis le premier humain. Et même avant.

Lorsque nous envisageons de restaurer (ou trouver) notre souveraineté, cela engendre beaucoup de difficultés et de souffrances. Ce n'est pas une histoire de Bisounours ! Sortir de la chaleureuse hypocrisie et surmonter la frayeur nous porte au bord d'un précipice qu'il faudra franchir tôt ou tard. C'est le prix de notre souveraineté, le prix de notre humanité retrouvée et affirmée. A ce prix et sur cette base s'érigera naturellement une nouvelle société, un âge d'or fondé sur la valeur inestimable de chacun. C'est ce qu'avait compris l'empereur Ashoka en ces temps bénis où il pu ouvrir et démolir toutes les prisons du pays, accorder la liberté et les moyens de survie à tous les habitants, et gouverner sur une base éthique de liberté, d'égalité et de fraternité. (Tiens, ça me dit quelque chose...)

Mais je tiens moins à faire un plaidoyer sur le sujet qu'à poser cette question :

Lorsqu'au moment de mourir, un être éloigné toute sa vie durant de l'usage de sa souveraineté, se trouve face au réel de la situation, moment où aucune tricherie n'est plus possible, face à lui-même, se découvrant souverain mais trop tard, qu'adviendra-t-il de lui ? Comment ce passage incontournable prendra-t-il une forme lumineuse et bienheureuse ? Pourra-t-il s'exclamer comme j'aimerais, moi, le faire : "Voici que je meurs d'avoir trop de bonheurs vécu ?"

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