Aujourd'hui, je m'ennuie. Et j'ai moralement du mal à supporter cette toux sèche qui me fait mal à tous les muscles dans la poitrine. Les neuropathies aux pieds ne progressent toujours pas vers une guérison. C'est pénible pour marcher, garder l'équilibre. Cela fait mal et me réveille parfois la nuit. La nuit dernière, les sensations (impossibles à décrire) m'ont entièrement envahi comme si tous les nerfs étaient en démangeaison. J'ai voulu me lever mais la force n'y était pas.
Avant la maladie, je vivais déjà ce genre de phénomène au milieu de la nuit mais il était énergétique et dû au fonctionnement de la Kundalini. Il me suffisait alors de me lever et de faire juste un peu de yoga et cela rentrait dans l'ordre. Si tu as lu mon journal d'avant cette époque, j'en parlais parfois, et aussi des expériences de Claire-Lumière qui s'en suivaient. Je crois que je n'ai jamais détaillé ce qui me réveillait. Eh bien c'était tantôt cet enflammement du système nerveux et tantôt un réveil brutal sans raison apparente.
Mais aujourd'hui, c'est différent car la cause est pathologique : les terminaisons des nerfs sensitifs sont atrophiées et il faut attendre que ça repousse. Si ça repousse... Je m'en veux tellement d'avoir essayé (encore une fois) de jouer au bon élève en acceptant de faire cette chimio de merde !
Je reviens d'un rendez-vous avec l'oncologue. Elle était contente de constater une fois de plus la disparition des coulées ganglionnaires le long du cou. Cette fois, un peu incrédule, elle a longtemps cherché. C'était trop mignon de la voir toute contente comme une petite fille. Je n'ai pas pris un gramme de poids bien que j'ai retrouvé de la force et un peu de muscle. Donc, mes poignées d'amour se sont transformées en muscle. Je deviens difficilement saisissable... Voilà pour le bilan rapide.
Cette situation m'invite à aller toujours plus en-deça des manifestations relatives de l'incarnation. Parce qu'il n'y a ici rien de réjouissant. D'autant que les expériences physiques d'antan (comme celles du yoga nocturne) peinent aujourd'hui à trouver place ou bien n'existent plus. Quand tout ton corps est une douleur, une plaie, une dégénérescence, tu n'as pas d'autre choix que de te jeter dans le vide de l'esprit et de vérifier si tu peux voler, vérifier si la Lumière ne t'éblouira pas, vérifier si tu pourras rencontrer les esprits de l'Autre, certains égarés et d'autres bienheureux. Tu n'as pas d'autre choix que de vérifier s'il existe bien dans la matière de l'espace, de la lumière, de l'amour, de la résilience. Toutes ces choses ne sont pas indiquées dans les catalogues d'anatomie ni même de biologie. Il faut du courage, ou plus rien à perdre. Et j'ai du courage et rien à perdre.
