Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 190

Jour 190

Depuis très longtemps, lorsque ma mère m'appelle au téléphone, elle commence par : "allo ! Bonjour..." et me nomme comme si elle venait d'être frappée par un rayon de soleil, comme si quelque chose de merveilleux venait juste d'arriver, ou encore comme si elle découvrait subitement que le paradis existe au travers de ma personne. Et moi, évidemment, je vois le soleil et crois aussi au paradis.

Cela fait partie de mon éducation et m'a fortement influencé au point de s'étendre dans mon approche globale de l'existence. Et lorsqu'une journée commence, je suis à chaque fois émerveillé au premier instant du jour, comme si je venais d'être frappé par un rayon de soleil, etc. Chaque début de journée, surtout en ce moment, est comme un événement exceptionnel qui me voit non seulement vivant un jour de plus, mais aussi à l'aube de toutes sortes d'aventures intérieures et extérieures, même si je suis présentement moins créatif qu'un poisson tournant dans son bocal.

Elle m'appelle son "pinson", sous-entendu "difficile à attraper mais toujours là pour chanter quand on ne l'y attend plus". Et j'ai pris l'habitude de me considérer comme une sorte de bonheur, non seulement pour elle, mais aussi pour les autres. N'y voyez aucun narcissisme mais plutôt une forme d'auto-considération que l'Adi Yoga m'a appris à reconnaître à travers le fait que nous sommes tous liés, interdépendants, interactifs, et surtout des manifestations singulières de la perfection universelle.

En réalité, et je vais briser beaucoup de croyances à propos du karma, ce n'est que dans cette existence-là que ma mère m'a influencé au point d'aborder la vie comme un événement merveilleux. Il me semble évident que c'est une rétribution karmique et que de vie en vie, c'est bien moi (dans toute l'incongruité du terme) qui l'ai éduquée pour qu'il en soit ainsi, pour qu'elle m'enseigne spontanément une telle approche de l'univers. De même, mes propres enfants auraient tord de croire que je leur ai donné telle ou telle éducation de façon délibérée mais plutôt qu'eux, également, m'ont éduqué de vie en vie pour que je puisse leur offrir le peu d'exemple qui les inspirent.

C'est cela la responsabilité totale nous incombant au travers de la rigoureuse puissance du karma. Et le fait notable de l'interdépendance, l'impossibilité pour quiconque, qu'il souffre ou soit mécontent, de reprocher à ses parents de l'avoir mal élevé.

Pour cette même raison, je considère mes étudiants comme mes gurus, aptes à m'enseigner le Dharma par leur excellence comme par leurs manquements. Je leur ai appris par le passé à m'enseigner et me conduire maintenant. Ils sont ma récompense. Je n'ai donc rien à leur apprendre, juste les aider à extraire du fond de leurs consciences ce qu'ils savent déjà, par reconnaissance, par émerveillement.

Aujourd'hui, isolé dans mon bocal, je souffre. Ils me manquent et je suis obligé d'élargir jusqu'au point de rupture mon corps subtil pour sentir leurs êtres et qu'ils reçoivent mes prières comme je reçois les leurs. Cela aussi est le karma. On peut en faire le Chemin qui conduit vers la compréhension de l'interdépendance universelle, laissant de côté les contingences toutes relatives des interactions familiales et sociales selon notre culture limitée.

One comment

  1. Sylvain Lux

    Merci Master. Chaque être, même un « ennemi », a été jadis notre mère bienveillante… On devrait plus méditer là-dessus , à mon humble avis (comme sur toutes les « 4 pensées qui détournent du samsâra »)

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