Hmmm... J'affectionne les titres engageants dont je sais que la suite va décevoir...

Si l'on pouvait "atteindre" la vérité, cela voudrait dire qu'elle peut se laisser enfermer dans un concept. Si la réponse est oui, c'est qu'elle n'est absolue en rien, et ne peut donc pas se désigner comme "vérité". Et si la réponse est non, qui donc pourrait se targuer de la connaître? Loin de moi l'idée de me livrer entièrement à ces petites devinettes.

Le propos de la méditation, ou peut-être même son préalable, est de se débarrasser une fois pour toute de questions aussi inutiles. Importantes, mais inutiles. Dans le fatras des interrogations, le ciel se dégage lorsqu'on commence à ressentir que "telle question ne se pose pas", et puis "telle autre n'a pas lieu d'être"...

La vérité, s'il en est, est une expérience, une expérience vécue. Pardon pour la redondance, mais ceci est dit pour éviter d'introduire l'idée que l'expérience rimerait avec sagesse. Une expérience, donc, que chacun fait en soi-même et par soi-même. La difficulté est de la laisser être. Certains tiennent cela pour impossible. Et ça le devient, évidemment. Mais le verbe "être" n'est pas ici synonyme de quelque chose d'intangible, bien au contraire. Etre inclut le mouvement, le changement, le renouvellement incessant. C'est ce que nous appelons le frémissement. Il y a dans le frémissement une vie intense. C'est une expérience inextinguible, insaisissable et incorruptible dans laquelle corps, sensations, impressions, sentiments, idées sont tous en jeu. Dans le frémissement, il y a une mise en résonance de tout notre être avec le tout universel. La Lignée des maîtres des pratiques en lien de la Claire Lumière est dite Lignée de la Parole. Dans le chakra de la gorge, centre énergétique de la Parole, il n'y a pas de vérité ou d'absolu en jeu, mais précisément l'expérience, l'expérience vécue. C'est le lieu de l'union entre Ce-Qui-Est et "ce-que-je-suis". L'un et l'autre sont abandonnés, n'étant tenus ni pour vrai ni pour faux. Ni pour bien, ni pour mal. Alors oui, une interrogation prend place. Mais elle n'est pas formulable et n'appelle pas de réponse.

Stupéfaction! A l'instant même de la stupéfaction, la Lumière luit. Laisse ça comme c'est!

On peut appeler cette clarté, "vérité". Mais c'est seulement "ma vérité". "Ma vérité" est sensible, malléable et aime se confronter au monde, s'y mélanger, s'y dissoudre et y renaître. Comme le Phénix elle renaît de ses cendres et pourtant est continûment Phénix. Si je tente, ne serait-ce que définir ou formaliser "ma vérité", elle se cabre puis se fige. Et c'est un dogme. Personnellement, le dogme m'angoisse plus encore que le pire des enfers car le dogme est une sorte de néant. Plus rien n'y vibre, rien ni personne n'y fait d'expérience lumineuse et sensuelle, le frémissement ressemble à la lave dure et noire d'un volcan éteint. Enfermés dans les dogmes, les êtres s'entrechoquent comme des pots de terre, et se brisent, évidemment.

Il y a une différence entre le frémissement et la vie quotidienne vécue sous le joug des concepts, des croyances, et les pesants acquis voulus et non-voulus. Mais cela, c'est à chacun d'en faire... l'expérience.