Nous sommes déséquilibrés car, pour nous, les apparences sont plus importantes que le Vide. Or, celles-ci ne sont ni fiables ni pérennes. Ce n'est pas que nous ne pouvons pas leur faire confiance mais qu'elles ne peuvent nous contenter et surtout pas répondre à nos fantasmes d'éternité, de complétude, de perfection, de bonheur ultime, d'amour parfait, etc. Quand au Vide, ses expériences improbables deviennent rapidement une drogue et une fuite intime. On ne peut passer de la Forme au Vide et du Vide à la Forme sans tomber dans les travers de la pensée dualiste et encourir les tourments cycliques de l'agitation et de la dépression. Il s'agit moins de parité que d'équilibre. L'équilibre n'a rien à voir avec la parité (il faudrait le dire à nos ministres). La parité est théorique, l'équilibre est vivant, sans-cesse mouvant et créatif.

La méditation consiste à injecter du Vide dans la Forme et de la Forme dans le Vide. Trop de Formes? Regarde le Vide. Trop de Vide? Regarde les Formes. Grâce au Vide toutes les formes sont des joyaux. Grâce aux Formes, le Vide est aperçu. C'est pourquoi il est bon pour l'apprenti de s'entraîner sans relâche à donner forme aux expériences lumineuses et de dissoudre les formes dans la vacuité de son esprit. Un jour, il marche sur ses deux jambes et voyage loin.