Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 297

Jour 297

On peut reconnaître dans l'existence humaine quatre grandes familles d'évènements inévitables que sont la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort. Personne n'y échappe, quoiqu'il fasse.

Je voudrais attirer l'attention sur le caractère impérieux de ces moments. La naissance, par exemple, a quelque chose de très puissant et d'inéluctable. C'est aussi choquant qu'un rocher tombant du ciel pour écraser un chevreuil d'un seul coup ou une automobile qui percute un mur de plein fouet. La naissance, en temps que l'arrivée soudaine d'un nouvel être, est inéluctable et l'énergie que cela dégage remplit l'univers en un seul instant. Il en est de même pour la maladie, la vieillesse et la mort.

En général, nous aimons la naissance mais détestons les trois autres. Cela ne change rien à cette puissance impérieuse de l'événement.

Ces quatre étapes suffisent à nourrir l'expérience de la souffrance. Preuve en est que nous voudrions être éternels, en parfaite santé, d'allure jeune et ne jamais mourir. Il semble que l'existence ne propose que le contraire à chacun. Au moins, est-ce démocratique !

Bien sûr nous connaissons des joies et des peines, de la souffrance et du bien-être au cours de ce bref instant d'existence qui dure à peine plus que le temps d'un déjeuner de soleil. Mais la souffrance dont il est question ici est plus profonde et s'accroche à notre âme comme une bernique au rocher. Il est difficile de la déloger car il s'agit de traumas incurables eu égard à leur puissance émotionnelle. Cela constitue une toile de fond, sous-jacente, sourde, qui se manifeste continuellement sous la forme d'irritation. Une irritation qui nous conduit à des actes et des pensées orientés vers la négation de leur réalité, voire la tentative de leur éradication

Évidemment, rien ne fonctionne en ce domaine comme nous le voudrions. Il n'y a pas de méthode, pas de moyen de changer la réalité en une autre.

Vous l'avez deviné, je parle de la première des Quatre Nobles Vérités : l'existence est douleur. C'est un constat, pas une croyance.

Lorsque nous voulons vraiment pratiquer la méditation, c'est le premier sujet qu'il est impossible de sauter ou de faire comme s'il n'existait pas. Nous avons besoin de contempler notre irritation, sans jugement, sans tentative d'y apporter quelque modification que ce soit. "C'est ainsi" devrait-on se dire, et attendre que la tristesse émerge de cette rencontre avec le réel. Avec le temps, un sentiment de bienveillance et de bonté se fera jour. Nous nous retrouverons sur le terrain de base, sans préjugé, sans espoir ni désespoir, sans attente, et le moment viendra d'explorer un peu plus loin.

Si nous négligeons ce travail, nous tomberons inévitablement dans les filets du matérialisme spirituel ambiant, en quête avide de jouets spirituels détournant l'attention.

Il est difficile d'éviter d'apporter des réponses à ce que nous vivons tant cela relève secrètement du scandale de l'existence. Je dirais même qu'à bien y regarder nous apportons des réponses avant même que les questions se posent, façon hypocrite de nous cacher de ce que nous vivons vraiment. Il en résulte beaucoup de confusion. La réponse crée le problème, d'où la question qui, mal fondée, apporte aussi un problème. Dans le samsâra, on peut dire que toutes les souffrances viennent de réponses que nous apportons à des problèmes qui n'existent pas vraiment. C'est pourquoi la neutralité, la méditation sur sunya (le vide d'existence propre) sont aussi déterminantes pour structurer la maturation psychique de l'individu.

Contempler sa souffrance profonde, en méditation ou dans le quotidien, constitue le premier acte de bravoure du Guerrier Spirituel. Plus tard, ce ne sera pas à lui d'engager le combat. Peut-être se doute-t-il déjà qu'il n'y a personne pour cela. Mais cela, c'est une autre histoire... 😉

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