La méditation est vraiment une chose simple. Beaucoup en font tout un fromage. Je crois que c'est parce qu'ils fantasment sur l'idée du bonheur, du bien-être, de la guérison en tous genres. Mais la méditation n'est pas faite pour le bonheur. Le bonheur est une idée et un désir qu'on se construit en relation avec l'insatisfaction (dukha) à laquelle on voudrait mettre fin. Ce n'est pas possible. Ainsi est le monde : content- pas content, heureux-malheureux, en bonne santé-malade...
Le "grand bonheur" - appelons-le ainsi puisque tu veux absolument positiver - échappe à cette dualité. C'est la condition naturelle de l'être. Et d'ailleurs de tout le cosmos. Et à cet égard, l'attachement ou la répulsion au bonheur comme au malheur constitue des obstacles à la reconnaissance de l’État Naturel, ses obscurcissements.
En tous cas, ici n'est pas le projet de la méditation. Méditer, c'est s'asseoir ou bien rester là, sans s'occuper des pensées, des émotions, des opinions et des objectifs. Il n' a rien à faire de plus. On continue de respirer, sans altérer ou modifier quoique ce soit. Dans cette simple présence, l'intelligence non-conceptuelle se réactive d'elle-même. Savoir s'ennuyer et traverser cela... Goûter aux accidents de l'esprit déluré et traverser cela... Dans la conscience non-modifiée, toutes les vérités édictées par la bonté fondamentale s'étalent à loisir et sans mots et sans maux. La Clarté n'a rien à dire, elle se présente partout et c'est bien. Méditer, c'est sortir du système du samsâra et on se tient, naturel, en-dehors de tous les autres systèmes adjacents.
Il n'y a pas de différence entre dhyana (méditation) et samadhi (connaissance équanime), le point exquis de tout yoga. C'est ici le chemin du Guerrier Adi : l'intelligence non-conceptuelle et spontanée sont ses armes, la tristesse qui se meut en douceur amoureuse nourrit son inlassable pas, la vastitude de la shunyata (vacuité) est sa patrie sans frontières.
