Je reviens de la dernière formation des Medecin'Gong Players. C'est pour cela que je n'ai pu écrire ces derniers temps. C'était, encore une fois, une expérience merveilleuse. J'ai dit aux stagiaires qu'ils formaient la meilleure promo. Mais en fait, c'est à chaque fois la meilleure. Je ne mens pas et ne cesse de m'étonner. Il semble que dans la règle de l'humanité, chaque être, unique et merveilleux, y fasse exception !
J'ai mené la formation bien plus facilement qu'en novembre. C'est une bonne nouvelle. Les stagiaires étaient vraiment attentionnés et se mettaient à plusieurs pour me relever après les sessions. Puis au troisième jour, j'ai osé opter pour un fauteuil. J'ai bien aimé l'allure en "mode guru" que cela impliquait. Tonio est venu une nouvelle fois et très gentiment ouvrir la formation le vendredi soir par un bain de gong offert à tous les participants. Heureusement, car je n'aurais pas eu la force de le faire après le long voyage de l'aller. J'en ai donné un dans la semaine. Il y a eu aussi un conte chamanique accompagné de tambours en soirée.
Dès que cela était possible, j'allais marcher dans la forêt. Le long d'un des nombreux chemins, on y trouve un petit calvaire abritant une icône en faïence de la Vierge devant laquelle je me suis souvent reposé. Je l'ai appelée Tara-Marie. Et Tara est venu me rendre visite.
Dans un nuage de brume irisée, elle paraît soudain. Elle sourit. "Comment ça va p'tit con, aujourd'hui ?
- Bien, mon aimée, même si je pleure en me levant tous les matins."
Son corps est magnifique, transparent, pur. Elle a le même petit ventre rond qu’Élodie. A moins que ça soit l'inverse ? "Je voudrais te demander quelque chose...
- Je t'écoute.
- Je t'hume et te vois partout, active, intense et lumineuse. Mais parfois, lorsque nos deux esprits se fondent en un, tu es si vaste qu'il m'est impossible de distinguer tes contours. Le vide est amour. Je veux m'abandonner à l'amour mais je ne veux pas de mission, par exemple comme tous ces gens persuadés qu'ils peuvent sauver le monde...
- Les missions, c'est pour les crétins, et vous êtes nombreux. Quand ce que vous appelez l'ego reste ou retourne à sa place, il n'y a pas de mission mais le sens qu'on a envie d'inventer pour s'abandonner à l'amour-vacuité et vivre dans la joie naturelle des Éveillés. C'est pour ça que je t'appelle "p'tit con", c'est pour que ton ego reste à sa place. Moi, la grande et prompte libératrice, je suis toujours à ma place. Je suis invincible, aimante et rapide comme l'éclair. Cela, tu le sais, justement quand nos deux esprits sont un. Alors, il n'y a pas de risque que je te confie quelque mission que ce soit. P'tit con !
- Merci Tara. Je suis soulagé et je peux me laisser aller.
- Viens plus près, je vais faire quelque chose..."
Je m'approche, et un nuage de fraîcheur m'envahit. Ça brûle mais c'est frais. Je frissonne. Je ne la vois plus car elle a pris mon corps et nous voici tous deux sous une forme purement éthérique et je sens la force irrépressible de l'amour qui vainc tout, absolument tout dans ce grand espace du Cosmos. C'est impersonnel. "Je" n'existe pas et "Elle" non plus.
Puis je reprends corps, encore une fois, dans ce samsâra, comme une grosse bouse de vache qui tombe du ciel. La cloche sonne pour la prochaine session de gong. Quand faut y aller...
