Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 226

Jour 226

Depuis que nous vivons dans un monde devenu dystopique, je ne peux m'empêcher de faire le parallèle avec le samsâra. Ce que je note de plus remarquable est le fait que, pour la population, plus minime est une frustration, plus forte est la rébellion. En fait, dans un régime totalitaire, la plupart des frustrations et des privations sont facilement acceptées. Mais dans un régime libre comme le nôtre, la moindre privation est insupportable. Il y a un inversement proportionnel des réactions.

Pourtant, en seconde analyse, nous pourrions dire que dans un contexte de liberté acquise, il est naturel de se rebeller pour une petite atteinte à cette liberté. C'est même assez sain, car en général nous voulons préserver cette condition de liberté a contrario des tyrans qui en veulent toujours plus. A l'inverse, quand il n'y a plus aucune liberté, en Corée du Nord par exemple, la soumission est totale et une privation supplémentaire passera presque inaperçue et peu ressentie. Un peuple soumis est un peuple inerte.

Du point de vue du samsâra, il semble qu'il en soit de même. Sous le joug de nos pensées et de nos émotions, nous n'avons pas vraiment conscience que nous en sommes les esclaves. Nous vivons dans notre propre régime totalitaire et nous cherchons éventuellement quelques plaisirs compensatoires ailleurs, en général à l'extérieur de notre propre pensée. Mais cela ne va pas plus loin. D'ailleurs, toute remise en question serait déstabilisante et angoissante. C'est pourquoi le samsâra est une sorte de cercle vicieux. En quelque sorte, il est autogène du fait de notre propre démission, consciente ou non. Et les frustrations et l'irritation qui s'accumulent une à une passent presque inaperçues. Elles sont intégrées à la vision globale de notre être au fur et à mesure de leur arrivée. Tout cela pour dire qu'il y a très peu de chance qu'un être dominé par le processus du samsâra se rebelle. Au mieux se plaint-il incessamment que la vie n'est pas si belle que cela, qu'elle est difficile, injuste, pénible, parfois absurde et qu'il faut se battre. Se battre contre quoi ? Finalement contre les problèmes qu'on crée par son propre esprit...

C'est pourquoi le Bouddha à proposé la méditation au cœur de son enseignement. Par la méditation bien conduite, nous pouvons tout d'abord prendre conscience que les problèmes viennent de nous-mêmes, de nos pensées qui les créent, nous conduisant à dépenser le plus clair de notre temps à les résoudre ensuite. C'est quelque peu absurde. Il faut prendre conscience de cette absurdité de l'esprit. C'est libérateur, car à l'instant où cette conscience s'établit, une porte s'ouvre sur la perspective de la liberté ou du moins celle de l'opportunité de suivre un autre chemin que celui du processus samsârique.

Dans un second temps, libérés de l'impact samsârique des pensées et des émotions affligeantes, notre créativité peut s'exprimer pleinement et notre vie prendre des chemins que nous n'aurions même pas pu imaginer auparavant. Et, c'est là où le parallèle s'arrête, les petites frustrations et irritations de l'existence ne nous mettent pas en grande révolte car nous avons appris à connaître le fonctionnement de l'esprit et savons comment gérer ces pensées. Nous n'avons peut-être pas encore le sentiment d'une liberté totale, c'est l'apanage des bouddhas, mais nous nous sentons "en cours de libération perpétuelle". C'est pour cela que le bonheur est dans "le chemin" et non dans la destination.

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