Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 189

Jour 189

J'ignore de quoi est fait demain. J'ignore aussi s'il faut s'en inquiéter ou pas. Comme je ne crois pas plus au présent qu'au passé et au futur, me voici dans un espace qui ne dit son nom, un espace où ce qui arrive n'a pas plus d'impact que ce qui n'arrive pas. En revanche, ce qui n'arrive pas ne peut être connu et ce qui arrive est toujours connu, du moins dans la limite de mes capacités de connaissance.

Ce n'est pas confortable. Ce n'est pas inquiétant. Il me semble que c'est une sorte de "terrain de base". Tout dépend alors de la lumière ou de l'éclairage que je pourrais y mettre. Ou pas. Je crois que (ce que j'appelle) la "lumière" est la simplicité de l'esprit, la nudité, cette vibration automatique qui ne vient de nulle part, qui ne va nulle part. Elle peut devenir un spleen sans fin. Elle peut devenir une jubilation immédiate. C'est selon... Selon quoi ? Je l'ignore aussi puisque mon être se tient en état de non-intentionnalité.

Je crois que c'est cela le "terrain de base", l'incarnation. La matière telle qu'elle se présente lorsqu'on s'est débarrassé de toute forme de surconsommation mentale, émotionnelle et physique.

Plus que jamais, il est important de comprendre le caractère illusoire de la matière pour sortir de son univers carcéral. Il me semble que cela ne peut s'opérer sans réaliser le point zéro de l'esprit, sa sunyata. Bien sûr qu'il me tient à cœur de pénétrer dans la texture de la matière, de la goûter peu importe sa saveur, de la sentir que cela fasse mal ou pas, mais certainement pas d'en être le détenu morne et impuissant !

Je vois aussi que toute matière est inséparable de l'émotion. Il existe une émotion en chacun de ses atomes. Il existe aussi une connaissance en chacun de ses atomes, et finalement une luminosité. Spéléologie de l'âme...

Les souvenirs de ma vie s'en sont allés et avec eux tous ces improbables et si diaphanes personnages. Les espoirs de renaissance s'en sont allés, eux aussi, et avec eux nombre de projections romantiques. Du "terrain de base" émerge le "no man's land" du cœur, cet instant-espace sans demeure, sans direction. J'aimerais que la lumière soit. Mais on me dit que je dois m'incarner, rester dans l'épaisseur de la matière. Ne furent-elles pas suffisantes toutes ces incarnations ? On me dit tant de choses perverses, fausses, toutes basées sur autant de croyances spirituellement correctes !

Ils sont si nombreux à croire et proclamer que les les racines de l'être plongent ou doivent plonger dans le sol. Voila qui me désole. Peut-être est-ce valable pour des personnes qui vivent "hors-sol" ? Quant à moi, je puise dans le cœur de mon Yidam, dans sa vastitude et sa lumière infinie. Non, je ne tomberai pas dans ce panneau qui me ferait pousser des feuilles au bout des racines ! Les fruits poussent dans la matière, justement. Il n'y a pas de "fruits de l'esprit" car l'esprit est tout.

Ce corps malade est une prison. Bien sûr, je peux refaire la déco de temps à autre, mais il me plait aussi de regarder par la lucarne qui laisse entrer un soleil nourricier et réconfortant. Il inonde ma cellule et dit : "Je suis la Lumière, vivante et perceptible jusqu'au cœur vide de chaque atome".

Alors je reste dans la tendresse, celle de mon esprit, celle de mon corps. Je reste dans l'humble ignorance qui se veut lumière sans concept ni projection. Je reste dans la douceur qui apaise tout être et même les pierres. Il y a de l'amour dans la tristesse. Il y a de la sagesse dans la suspension du connu.

One comment

  1. Sylvain Vigouroux

    Lumière Navjeet,
    J’ai beaucoup grandi à tes côtés. Je grandi beaucoup à tes côtés.
    Tu continus à m’accompagner au quotidien.
    Je ne sais décrire cette « connexion », cette « présence ».
    Tendresse, Amour, Merci Navjeet.
    Sylvain V

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *