Le propos du Yoga du Grand Symbole né simultanément est de mettre face à face la continuité courante du connaisseur avec la pure et divine Sagesse... Ce qui en termes plus modernes peut s'énoncer ainsi : ouvrir les yeux sur la nature de l'esprit. Loin de nous l'idée que l'esprit serait une chose qui puisse être vue, décrite ou saisie. En revanche, on peut dire qu'à un niveau de son expérience immédiate tout être humain détient un potentiel d'auto-connaissance dont l'objet est son propre esprit. C'est ce que suggère l'expression né simultanément. Ce qui naît simultanément, c'est l'esprit et sa connaissance, donc l'esprit se connaissant lui-même.
Est-ce que tout ça peut faire le café quand je me réveille le matin? me direz-vous. Eh bien oui ou presque! Du point de vue de la divine Sagesse, le glouglou du café passant dans la cafetière reste une expérience relative, mais elle est éprouvée comme une merveilleuse fantaisie pour l'esprit se connaissant dans l'immuabilité de son propre Vide. Aïe! Le mot est lâché... le Vide... Shunyâta... enfin, ce qui se tient au cœur-même de l'illusion de la personnalité (éphémère et changeante) et qui, non-né, ne peut être détruit ni même altéré. Le Vide est au-delà de notre propre apparence, de toutes les apparences, et pourtant ne saurait en être séparé.
Sans contenu, il n'est pas dépourvu de présence.
Sans personnalité, il n'est pas extérieur à soi.
Sans forme, il n'est pas autre qu'elle.
Le premier pas consiste à maintenir l'esprit en lui-même, sans violence ni présupposé, et à voir ce-qui-est, et à être et demeurer en cela. Dans l'idéal, nous devrions méditer 24h par jour. Ou bien ne pas méditer du tout, ce qui revient au même! Et encore devrais-je dire "être" en méditation, ou mieux : que nous soyons nous-mêmes la méditation en ce sens que nous serions totalement UN avec "tout ce qui arrive". Mais chacun sait que c'est impossible au premier abord. C'est pourquoi -au début- nous séparons artificiellement la méditation de l'action (travail, famille...) La méditation, en tant que moment privilégié d'intimité spirituelle, est riche d'enseignements, de bienfaits, de soutiens et de nourritures diverses pour la vie active, et cela en toutes ses extrémités. Mais le but est que méditation et action se confondent et ne soient plus qu'une seule et même expérience. Ainsi, tout est éprouvé du point de vue de l'auto-connaissance. Le connaisseur, la connaissance, et l'objet de connaissance sont alors indifférenciés (quoique "différenciables").
Lorsque se dissolvent les hallucinations de l'existence ordinaire, le connaisseur s'éprouve face à face avec la présence vide de son propre esprit. Alors, pensées et émotions perturbatrices trouvent de moins en moins de quoi tenir ou s'accrocher, les processus d'auto-illusion se dissolvent d'eux-mêmes cependant que la Sagesse luit.
Né-simultanément signifie encore que l'auto-connaissance est présente au sein même des états ignorants, distraits ou dépressifs. C'est comme un joyau inestimable recouvert de terre. Il n'y a rien à changer, rien à conquérir, nulle part où aller, puisque tout est là!
Partager la publication "Notes sur le Grand Symbole"
