Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 95

Jour 95

J'ai tenu la journée sans trop de fatigue mais avec un peu de douleurs et de nausées. Je suis chez une amie. Nous parlons beaucoup, comme pour rattraper un temps perdu et aussi parce que nous avons certains points communs. Nous avons aussi effectué une longue promenade dans la nature forestière ce matin. A mon grand étonnement, j'ai tenu, en marchant très lentement bien entendu. Elle m'a aussi fait remarquer que le fait de partager oralement détendait mon visage et réduisait sensiblement la toux et les douleurs. C'est vrai. Il y a aussi la capacité que j'ai développé au fil des années à être "en-dehors" de la douleur, ce qui peut la réduire énormément. D'ailleurs, je crois que je ne serais pas là sinon. On ne peut pas supprimer la douleur, comme sous anesthésie par exemple, mais on peut atteindre un stade où "la douleur ne fait pas mal", ça devient une simple sensation, désagréable mais sans la souffrance supplémentaire engendrée par le mental lorsqu'il y prête attention, ou pire lorsqu'il se focalise dessus. Il paraît qu'il existe des formations pour ça, mais en raison des douleurs que je vis quasiment depuis ma naissance, je me suis entraîné tout seul. Le yoga et surtout la méditation y sont bien sûr pour quelque chose.

Il a fait beau. Je redoutais qu'il y ait des provocations du gouvernement pendant les manifs de ce jour pour créer une situation insurrectionnelle qu'il pourrait ensuite gérer avec plus de répression. Mais ça n'a pas eu lieu. Je présume que pas mal de vacanciers sont sur la route du retour... Le nouveau risque majeur sera sans-doute le 4 septembre. (Je ne vais pas aux manifs, c'est juste une info en passant).

Ce soir, au Sud de Nantes, cela fait le second feu d'artifice qui est tiré. Je ne sais pas ce que l'on fête... Mais ça me donne une idée.

Et si la Vie était un feu d'artifice ? La Maya, l'illusion cosmique, n'est-elle pas un artifice ? Nous serions les pétards, éphémères bien sûr, mais également avec l'étonnante opportunité d'exploser en plein ciel, de se dissiper en tant qu'artifice, se fondre, se marier à l'immensité du Cosmos figurant la vraie nature de tout ce qui est. C'est pour cela que nous devrions protéger notre mèche et la rendre bien disponible à l'allumette enflammée par la moindre initiation ignée. Et puis la gaine du pétard, le corps, doit être à la fois tenue et sans compression. La poudre, quant à elle, devrait être de bonne qualité, chaque grain distinct de l'autre comme la pensée sans amalgames et projections, bien sèche et donc débarrassée des klesas (purulences mentales), et enfin avec les jolies couleurs qu'on veut bien donner à sa vie pour que l'explosion de l'éveil n'en soit que plus singulière, unique, irremplaçable.

Pourtant, malgré toutes ces bonnes conditions, si la mèche du pétard, soit la motivation éclairée, est mouillée, rien, absolument rien ne fonctionnera. Et tous les efforts (qui demandent une vie en général) pour être le plus beau et performant des pétards auront été produits en vain. Un être qui ne médite pas sur la réalité profonde de l'irritation fondamentale toujours présente dans les quatre stades de la naissance, la maladie, la vieillesse et la mort est comme ce pétard mouillé. Rien ne peut allumer ou initier l'ascension libératrice au-delà du samsâra. A la fin, les pompiers viennent le ramasser et tout est terminé.

La vie d'un pétard est très courte, c'est le laps de temps dont nous disposons pour atteindre l'éveil en cette si frêle existence. Si tu es dans cette frénésie angoissante du pétard mouillé, c'est déjà une grande bénédiction. Sache qu'il existe bien d'autres pétards qui attendent depuis des lustres sur l'étagère du fabriquant, sans même savoir à quoi ils servent et ce qui les attend. Alors, d'abord, reconnaissance...

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