Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 67

Jour 67

Il y a les tisserands des temps anciens et les tisserands du cœur dont nous avons tous besoin aujourd'hui. Vous m'avez fait découvrir que je suis un de ces tisserands modernes. Le tout, c'est de ne pas perdre le fil... 😉

Par contre, question "perte", quand je pense que je vais finir de perdre tous mes cheveux... Eux qui ont toujours fait ma fierté, un brin chevaleresque, et surtout des antennes hypersensibles à tout ce qui survient dans les plans éthériques. Et puis, il est tellement doux de sentir tes cheveux te caresser le dos et les épaules et te chuchoter quelque rapport sur ce qui se passe "là-haut". C'est ainsi, le fringant Navjeet va peut-être devenir une vieille chose décatie. Dis-je cela parce que la vastitude de l'esprit peine un peu à réinvestir ce corps ? Je m'y attelle. Quand j'interroge la Lumière qui m'habite, elle répond toujours "Rien à foutre, pauvre pomme !" C'est vrai, la Claire-Lumière n'est pas gentille et n'a rien à cirer de toi, ton corps, ta vie, ta mort, tes problèmes... C'est la conscience pure dans son fonctionnement naturel : elle ignore toutes ces salades.

Cela fait trois semaines que je ne fais plus de yoga. Trop dur, trop impactant. Enfin, si on considère que dhyâna (être médité) ne fait pas partie du yoga. Par ailleurs, j'ai appris que le yoga, la sadhana, c'est  toute la vie, nuit et jour, quand l'esprit demeure non-distrait dans sa propre Claire-Lumière. Alors, de ce point de vue, je fais du yoga. A moins que je sois juste une grosse feignasse qui a trouvé une excuse en carton ? Je veux donc dire que je ne fais plus de "yoga corporel ou postural". Et je sens que cela redevient nécessaire. Alors je vais m'y atteler, en douceur.

Dans ma sadhana, il y a toujours des postures adorées telles que des bascules en vajrasana, agni pranayama en corbeau, la grenouille, le cobra, les alternances chat dos rond dos creux, les échauffements du Kundalini Yoga (...) et par-dessus tout, Ô merveille ! de longs mahamudra, dernière étape avant la méditation. Je parle de "Mahamudra 3" une version facile que j'enseigne et dont la particularité est que le pied ramené n'est pas posé sur la cuisse mais reste au sol, talon pressant le périnée. Je pourrais t'écrire tout un bouquin sur le sujet ! En tous cas, je viens de m'auto-motiver grave là. 😉

Aujourd'hui, je vais bien car j'arrive mieux à gérer mes efforts en usant d'une extrême lenteur à travers mes gestes et déplacements, ce qui évite les déclenchements intempestifs de la toux. Cela vaut mieux car la toux est chaque fois plus étouffante et douloureuse. Il y a autre chose aussi : l'énergie du corps de Navjeet semble s'être orientée vers une sorte de rage de guérison. C'est la première fois que cela se produit vraiment, je veux dire la première fois que cela dépasse le niveau juste intentionnel. Quant à l'esprit, il continue de s'en foutre royalement, ce qui est très sain.

A propos du réinvestissement du corps, c'est un sujet important. Je parle sur un plan relatif, et non pas absolu. Beaucoup de personnes en chemin, notamment bouddhistes, font d'incroyables efforts pour se détacher du corps et obtenir une expérience spirituelle pure et éthérée. C'est nécessaire au début (et ça peut prendre énormément de temps) pour rétablir un équilibre où l'attachement revêt enfin un caractère anecdotique et non fondamental. Cela permet de sortir un peu de la confusion ordinaire. Mais si on en reste là, c'est un billet pour une forme de schizophrénie sophistiquée et plus simplement le mépris de la précieuse existence humaine. Et les maîtres dont l'enseignement s'arrête à ce stade sont des personnes dangereuses. En plus, c'est la mode. En tous cas, ça n'est pas l'enseignement complet du Bouddha. Certes, Il a souvent exprimé le corps comme une sorte de "plaie suintante", ce qui est de la nécessité évoquée plus avant. Mais cela ne s'arrête pas ici. Voici une histoire pour illustrer le propos : un jour, un disciple, désemparé, lui demanda : "Seigneur, alors que devons-nous faire avec cette plaie suintante ?" Et le Bouddha de répondre simplement : "Eh bien comme pour toute plaie, la soigner, la cautériser et lui apporter toute l'attention nécessaire".

En fait, si tu n'as pas de corps, si tu ne peux y résider, comment feras-tu l'expérience de l'éveil ? Le corps ne sert pas qu'à tirer des coups et à se goinfrer chez Mac DO, bordel ! C'est un temple, et l'état de bouddha réside déjà dans chacune de ses cellules. C'est ce qu'on appelle le Tathāgatagarbha (graine d'éveil). Jolie expression, n'est-ce pas ?

Mais attention ! Ultimement, le Tathāgatagarbha n'existe pas, et pourtant de lui s'élève chaque être éveillé tel qu'un bouddha. Un bouddha n'existe d'ailleurs pas non-plus.

Bon, je te laisse un petit temps pour réfléchir... 😉

Ciao !

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