Jour 421-428

J'avais partagé le billet précédent sur Face de Bouc, et j'ai reçu des tas de commentaires, tous plein de solidarité, sans jugement ou polémique, et plein de compassion et d'encourahments. Merci à vous si vous passez par là. Ça va mieux et je suis guéri du Covid. Traitement ? Teinture mère d'Artémisia Annua, Ravintsara, Zinc, D3, sommeil.

Il y a toujours cette envie de mourir qui revient régulièrement. Je crois que c'est la fatigue du combat et aussi parce que j'ai laissé tombé la perspective de guérison, à l'instar de mon médecin d'ailleurs qui dit que son objectif est de "rendre la maladie la moins chronique possible". Réalisme ou manque d'ambition ?

Je vais essayer d'expliquer quelque chose de mon expérience présente du samsara et de la Claire-Lumière.

Je suis conscient du lien d'interdépendance entre les entités et les situations de la vie. Cependant, cela m'apparaît comme une mosaïque et non comme un tout homogène. Je ne peux pas me forger une histoire qui serait comme un long fleuve tranquille (ou pas), fabriquer ma légende et le personnage qui irait avec. Car tous les phénomènes avec lesquels je suis en contact, les situations dans lesquelles je me trouve, les actions que j'initie, toutes ces choses dis-je, sont isolées les unes des autres et surgissent comme des ilots de vie.

Cela fait des "plops" auxquels je ne peux pas adhérer et encore moins m'y identifier. Il y a le "plop piqûre", le "plop chaussures", le "plop sieste" et ainsi de suite à l'infini. Le samsara m'apparait comme un immense cloaque morcelé et l'esprit n'a pas envie de s'y inviter. Je ne suis pas fait de tous ces "plops", et pourtant ils sont là.

Quand un "plop" est censé provoquer une émotion (ce qui est le cas pour les gens dits normaux), eh bien l'émotion survient, pure et sans aucun contenu. Autant dire qu'elle ne se lève pas. Elle est auto-libérée dans l'instant. Il en est de même pour les pensées. En-dehors des "plops", il n'y a pas de pensées, pas d'analyse, pas de discours. Je fais partie de ces gens qui n'ont résolument rien à dire parce qu'ils n'appartiennent plus à ce monde, leur esprit étant totalement détourné du samsara.

Mais qu'y a-t-il entre ces "plops" ? Un espace, une conscience infinie où s'établit le sentiment d'un terrain lumineux, cohérent, bienheureux. C'est là que je me tiens, ou plutôt que je me trouve car cela ne procède pas d'une volonté de ma part. Ça se passe à mon insu bien que j'ai lutté toute mon existence pour accéder à cet état de fait.

Oh ! Mais cette conscience infinie n'est pas toujours lumineuse et bienheureuse ! Il y a une différence entre la Claire-Lumière expérimentée comme une illumination soudaine et celle qui s'étale et s'intègre dans le continuum de conscience du quotidien.

Plus le samsara m'indiffère, voire me dégoûte, plus la Claire-lumière est présente et bienheureuse. Il convient de se laisser porter par elle, de ne pas lutter, en somme de "rester à la maison". Pendant ce temps, les "plops" partent en charpie. J'ai l'impression qu'il y en a de moins en moins et me pose la question de savoir s'ils ne vont pas disparaître. C'est un mystère.

On dit qu'on doit intégrer la Claire-lumière dans le corps, le samsara, le mouvement de la vie... Mais de quel corps parle-t-on ? Je pense au corps de façon très rudimentaire, le bout de viande en somme. Je vis ce corps au même titre que les autres "plops", mais il est plus présent, plus gros (57 kg tout mouillé...) et plus sophistiqué. Malgré toutes les améliorations, soins, etc. qu'on peut lui prodiguer, il reste un "plop" parmi d'autres. Ce que je souhaite, c'est que la Claire-Lumière dissipe tous les attachements et/ou répulsions et compromissions envers tous les "plops". C'est ça l'intégration. Ce n'est pas leur disparition ni leur avènement.

Merci d'avoir lu jusqu'ici. Quel courage ! 😉