Dans la Vue Ultime de la Grande Perfection, la nature de l'esprit reconnait la nature de l'esprit. S'il est quelque chose ou quelqu'un qui reconnaisse la nature de l'esprit, ceci n'est pas la Vue. Certains maîtres et de sages pensent qu'ils ont reconnu la nature de l'esprit. Au bord du gouffre. ils sont très agités et pensent qu'ils doivent faire des conférence, écrire des livres, produire des vidéos. Ils conduisent leurs troupeaux vers une impossibilité majeure de libération, voire vers les ténèbres.
Lorsque tu reconnais la nature de l'esprit, par exemple pendant la méditation, sache que cela est le fruit de ton imagination. Alors, ne fait rien et reste dans ta tentative de demeurer ainsi, dans l’État Naturel, sans projet ni attente. "Ce" qui se persuade de reconnaître la nature de l'esprit n'est rien d'autre que l'ego. Et l'ego est le résultat d'une croyance à un "soi", à une existence personnelle fondée sur un principe ou une essence, à l'existence d'un "soi" aux êtres et choses de l'univers.
Quand l'esprit se reconnaît lui-même, il n'y a rien ni personne qui le reconnaît. Ceci est naturel et cette ultime perfection dure et durera toujours. Cela signifie que pendant que perdurent nos erreurs et croyances limitantes nées de l'ignorance (avidya), la nature de l'esprit continue de reconnaître la nature de l'esprit. C'est tout et seulement cela. C'est ce qu'on appelle l'état du bouddha, une condition latente ou avérée, présente nuit et jour.
Il n'existe aucun développement sur la Voie, aucune acquisition ou changement, rien à espérer. Tout se fait par soustraction et non par augmentation. Les vues fausses sont soustraites, les croyances dualistes s'effondrent, les opinions s'envolent, les pensées gestes inutiles se délitent. Tôt ou tard il ne reste que la nature de l'esprit reconnaissant la nature de l'esprit. Alors, l'éveil est actualisé.
Dans la vie ordinaire, s'invitent parfois le vague souvenir de cet ineffable instant de grâce. C'est ce que nous devrions cultiver en célébrant ce souvenir de mille manière, mantra, chant, danse, concentration, bhajan ou encore rien du tout mais avec reconnaissance et légèreté.
Cet état d'autolibération pose son énergie dans l'abdomen lorsqu'il n'est pas avéré, ce qu'on désigne par la porte chakrique du sommeil profond, la kundalini endormie. Quand il est avéré, l'énergie est dans le cœur et la "Goutte Essentielle du Cœur" est active et rayonnante. C'est la seule différence. Alors, lorsque tu te sens accablée, morne ou perdue, souviens-toi de cet abdomen, temple sacré abritant le grand éveil qui attend patiemment son heure et ne doute pas de ta bouddhéité. Et va poser tes fesses sur le coussin !
