Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 312

Jour 312

Vivre dans l'état confus (du samsâra) consiste à enchaîner d'instant en instant toutes sortes d'occupations. Il semble que nous soyions constamment occupés, un peu comme si nous devions sans interruption malaxer notre existence. Faire ceci, faire cela, aller ici, aller là... A peine avons-nous entamé une action que nous sommes déjà ailleurs à envisager ou réaliser autre chose.

Nous ne croyons pas à la perfection du monde et notre activité principale consiste à le modeler, à le contrôler et à exercer un pouvoir incertain sur lui. Cela commence par soi-même et s'étend par un consensus général.

Et rien ne se passe jamais comme prévu. Il ne faut pas s'arrêter. C'est une guerre. Evidemment, il y a quelque chose de plaisant à vivre ainsi car cela nous procure une certitude d'existence, une sorte de solidité et un  sentiment extrême de familiarité.

Pourtant, en contrepoint, qu'on en ait conscience ou pas, s'étale un autre sentiment : l'insatisfaction, dukkha, qui lui engendre un stress sous-jacent venant régulièrement saboter le flot événementiel engendré par notre mode d'être.

De toute évidence, quelque chose nous suggère que cette irritation provient de cette non reconnaissance de la perfection ultime. Par paresse, ignorance, hypocrisie, nous maintenons artificiellement la certitude que notre vie très occupée est appréciable du fait même de ses occupations incessantes. Cette tricherie, au demeurant énergivore et déprimante, engendre et maintient l'insatisfaction et son stress adjacent.

La bonne nouvelle est qu'au sein même de cette confusion, une qualité lumineuse de la conscience de base montre régulièrement le bout de son nez sous forme de flashes, de prises de conscience. On peut même dire que dukkha, l'insatisfaction est un corolaire de la Claire-Lumière, et en cela une bénédiction, une porte d'entrée du Dharma !

Il est mille occasions au cours de chaque journée de goûter à cette timide émergence de la Claire-Lumière. Lorsqu'au cours d'une conversation, le mental fait une pose imprévue, nous révélant un bref instant l'espace d'une conscience vaste, nue et sans orientation. Quand, ayant un choix à faire, nous nous trouvons subitement indécis, incapable de juger et trancher. Quand nous prenons tout-à-coup conscience de notre respiration sans même la modifier. Lorsque, perdu dans nos pensées, nous voici soudain touché par la beauté d'un pomme que nous allions éplucher. Ou tout simplement quand nous devenons sensible à l'espace vierge et ineffable entre deux pensées. Chaque instant est ainsi une occasion de laisser la Claire-Lumière émerger et nous ramener à la conscience de notre vraie nature.

Ce n'est pas quelque chose que nous atteignons mais qui du plus profond nous atteint. C'est la méditation permanente. Elle coupe directement à travers le champ de l'état confus.

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