Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 310

Jour 310

Mon cher guru, Wangchen Gyalwang Drukpa, a changé au-delà de toute imagination. C'est étonnant et réjouissant à a fois. Déjà, j'avais été estomaqué lorsqu'il nous avait déclaré en 2021 qu'il envisageait de prendre sa retraite. Le chef suprême d'une glorieuse lignée à la transmission ininterrompue et sur lequel tout le monde compte, prendre sa retraite... Vous n'y pensez pas ?

Évidemment, quand on parle de retraite ici, il ne s'agit pas d'arr^ter de travailler comme ce serait le cas d'un retraité, mais de la retraite au sens yoguique du terme, l'isolement dans la pratique, en l'occurrence avec sa maman (le papa étant décédé en 2017) et sans doute quelques disciples choisis. Il est question de la fin des voyages incessants, des longues sessions de rituels, des échanges interactifs avec la société et de toute vie mondaine en général pour revenir aux fondamentaux de la Voie dans la solitude et la concentration.

Donc, je ne le rencontrerai plus jamais physiquement et ne recevrai plus d'initiations de sa part. Cela ne m'attriste pas car je n'en ai pas besoin, tant le lien est fort et tant je ressens son influence spirituelle à distance. Ce qui me met en joie est son nouveau narratif, totalement ouvert et transcendant toute forme de religion et d'attachement. Un narratif fondé sur la confiance faite à la jeunesse, particulièrement aux femmes, et surtout sur l'action concrète dans et avec la société.

Je suis plutôt bouleversé car je réalise combien nos chemins sont parallèles. Il est pour moi comme un second père, un "re-père" ! 😉 Je me sens soutenu dans le courant de ma vie intérieure et extérieure. Quelle chance inouïe de pouvoir vivre ce genre de relation qui n'a que faire du temps et des situations géographiques.

Je sais que je suis un disciple plutôt stupide et dissipé mais cela n'altère en rien ma confiance et mon sentiment de souveraineté. Au contraire, c'est une joie de voir mon guru évoluer et offrir sa bénédiction à mes choix et mes combats sans que je n'ai rien demandé.

Je ne vais pas rapporter ici ses récents propos mais je peux témoigner de sa position de chef profondément humaine et du fait qu'il n'a aucune posture d'apparence et de superficialité comme l'exigerait socialement sa position de chef. Il n'hésite pas à exprimer combien il se sent parfois bien stupide et d'autres fois dans la liesse vécue par un combattant de l'amour et de la vérité, combien il vit tantôt la tristesse en (et de) ce monde, tantôt la joie immuable du Mahamudra. C'est un grand frère, plus encore qu'un père. un grand Bodhisattva qui sait te prendre par l'épaule. Il a planté des millions d'arbres, sauvé des milliers d'aveugles, bâti des écoles et des dispensaires, créé des monastères de femmes (dans un monde encore médiéval) pratiquant le Kung-Fu et Tummo bien mieux que les hommes, construit une organisation caritative hyper active et efficace qui s'appelle "Live to love", vivre pour aimer. (En général, les gens pensent qu'il faut aimer pour vivre, mais lui pense qu'on devrait vivre pour l'amour, pas de cet amour spirituel à la mode qui n'engage pas à grand-chose, mais d'un amour traduit en actes.) Il démontre en fait que l'éveil n'est pas la fin du voyage mais au contraire le début d'une incessante grande aventure.

Étant plutôt d'un tempérament iconoclaste, je n'aurais jamais cru que quelqu'un parviendrait à faire de moi une meilleure personne, par le simple fait de son existence. Merci.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *