Cette nuit, je ne me suis pas levé pour faire la sadhana. J'en ai marre de faire des efforts. J'en ai marre de lutter pour une vie qui finira de toute façon. Et je ne me vois pas imposer à mon entourage le pénible périple de la déglingue, voire de l'agonie. C'est vrai que les gens manquent souvent de panache et meurent à des âges indécents, ruinant leur famille après l'avoir épuisée moralement. Je ne trouve pas ça très classe, en fait.
Mais je dois l'admettre, je lutte pour la survie. C'est ça l'instinct.
Le soir, ou la nuit, je prie ma Mère de m'emporter sur ses immenses ailes de Claire-Lumière et d'aller me déposer aux pieds du Bouddha Amitabha qui, je sais, m'attend. De pieds ferme justement. Je l'implore en ces mots :
"Ô Ma, l'Indomptable et Prompte,
Fais de moi ton serviteur éternel
Veuille couper le lien
A cette viande puante
Et me prendre dans tes bras
Pour aller loin, loin
Par-delà les étoiles
Où tout est amour et lumière
Où je pourrai luire
Au firmament des êtres
Sans autre projet
Que la luminescence
De l'Amour et de l’Être !"
Mais elle ne dit mot et sourit, me caresse la tête. Alors, le lendemain vient le soleil, et une fois de plus je mets on slip et fait du café...