Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 172

Jour 172

Je me bat toujours avec la Sécu pour obtenir les indemnités journalières auxquelles j'ai droit alors qu'ils disent que mon arrêt de travail est arrivé trois jours trop tôt par rapport à une date arbitraire d'ouverture de droits (?!?) De nombreuxe libéraux subissent ce genre de problème parce que le logiciel qui prend les décisions n'est pas adapté à ces professions. Je suis donc dans la même situation que ces infirmiers et médecins mis au banc de la société parce qu'ils refusent de se faire vacciner. Vivement que ce monde stupide s'écroule pour de bon et disparaisse ! C'est bien parti, fort heureusement.

J'ai repris un peu de force dans les jambes. J'arrive à monter et descendre les escaliers de la maison sans essoufflement. En revanche j'ai toujours besoin de dormir plusieurs heures par jour. J'attends patiemment que les atteintes nerveuses sensitives se réparent d'elles-mêmes. C'est long. L'immuno provoque différents effets secondaires dont les maladies de peau. J'ai actuellement des poussées d'eczéma et là aussi il me faut attendre.

Attendre, attendre... Ça me rappelle un billet précédent où j'évoquais le Guerrier Spirituel qui se love dans son ermitage d'hiver, et qui attend, attend... Parfois, il y a moins à attendre dans l'espace de l'esprit que dans celui du corps. Cela ne change rien puisque la Voie consiste toujours à manifester l'infinie patience qui nous (re)met en connexion avec le Grand Corps.

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Je parle souvent  de la Bonté fondamentale, n'est-ce pas ? Je redoute toujours que cela soit mal interprété. Dans le contexte de l'Adi Yoga, on trouve l'expression tibétaine "kadak" qui exprime bien ce dont il s'agit. "Ka" est la première lettre de l'alphabet et a le sens d'origine, de primordial, équivalent de "adi" ou "ati" en sanskrit. "Dak" signifie tout simplement "pureté". Aussi l'association des deux termes peut-elle évoquer "la pureté originelle". Ce qu'il faut comprendre de cette expression est qu'à l'origine (de toute pensée, émotion, etc.) il existe un élan parfaitement pur, neutre, dénué de toute direction conceptuelle et/ou émotionnelle. C'est ce que nous appelons "bonté" en ce sens que tout y est bien, réalisé, parfait, immuable sans qu'il y ait quoique ce soit à rajouter. Cette sorte de bonté s’accommode de tout ce qui peut être vécu, sans distinction. Elle est accueillante, douce, non influente, empreinte d'une confiance indestructible.

Mais il existe des influences, celles du karma. C'est pourquoi dans l'infime souffle qui suit sa vibration et sa présence, l'esprit ne peut l'accueillir sans réaction. Il frémit, d'une manière ou d'une autre. Pour la plupart d'entre nous vivant dans l'inconnaissance de sa perfection, privés de la clarté de l'Adi, ce frémissement se changel en irritation. L'esprit ne comprend pas, n'admet pas cela, il est semblable à un singe enfermé dans une cage de verre. Il perçoit confusément cette clarté mais rien ne peut être touché ou atteint. Tout est vu, senti, conceptualisé, mais il se heurte à la clarté elle-même changée en vitre transparente. Il y a bien une vision, mais elle est dépourvue de signifiant dont la notion même de signifiant demeure hors de toute pertinence.

Parfois le frémissement est si puissant qu'il engendre un sentiment d'amour. Mais à nouveau, cet amour se heurte à l'impossible car il doit distinguer l'Autre pour se manifester, ce qui provoque aussi de l'irritation en raison d'une fracture artificielle. Il semble que dans l'état confus, la Bonté Fondamentale nous conduise vers une inexorable impasse, ou plutôt vers la créativité folle du samsâra.

Pourtant, c'est sans compter avec le Kadak, constamment à l’œuvre. En effet, le frémissement est bien une production spontanée du Kadak due à sa mise en relation avec l'esprit. Cela signifie que la Bonté Fondamentale est présente dans l'amour comme dans l'irritation. Rien n'est jamais perdu. Même si notre confusion devait enfler jusqu'à emplir l'Univers, cette bonté serait encore présente, enfouie sous les amoncellements névrotiques de l'esprit ordinaire. C'est pourquoi, la méditation est une action libératrice nous permettant de déceler l'étincelle de sa lumière, là, maintenant, en plein milieu des cadavres fantasmatiques de notre esprit ordinaire. N'est-ce pas une bonne nouvelle ?

Kadak exprime donc la Base qui est totalement pure, neutre, et "bonne" en ce sens, c'est-à-dire au-delà de toute dualité. La dualité, c'est nous qui la créons, spécialement pour recevoir le goût des choses et bénéficier de l'opportunité de sentir le "non-goût", ce qu'on désigne par "l'Unique Saveur". Du point de vue du samsâra, l'Unique Saveur ne semble pas désirable, mais fade et ennuyeuse, peut-être même effrayante. Ce sont là les étranges sentiments, irrationnels, que nous devons affronter en commençant la méditation. Ce n'est pas agréable, et la méditation commence par se tenir tranquille (comme Kadak) dans l'agréable et le désagréable. Sinon, comment pourrions-nous dépasser la dualité pour aller voir ce qui se cache derrière elle ?

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