Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 170

Jour 170

Laissez tomber le Divin (dit-vain) dans le Vide (vie-deux ou deux fois né)

Le samsâra, dit d'une façon plus moderne "la vie de merde", et englobant tous les phénomènes intimes, personnels et extra-personnels, mérite un immense respect et d'être pris au sérieux. Il est la preuve éclatante de notre propre pouvoir de création, la preuve indubitable de la conscience de l'être et de ses implications possibles. Alors, que nous veuillons nous en plaindre, accuser quelque Méphisto, nous tenir dans le déni ou au contraire nous y complaire, nous devrions commencer par étudier la façon dont fonctionne notre propre esprit, non pas de manière académique ou universitaire mais à travers la simple contemplation de cet esprit. Ne comprendre que cela est déjà la Voie.

Le simple fait de prendre du recul par rapport à une émotion, un fait ou un jugement quelconques change radicalement l'apparence du samsâra, et cela jusqu'au plus profond de notre être. Alors, qu'est donc ce samsâra qui se dérobe constamment sous les impulsions de notre esprit ? Une blague, certainement. Une plaisanterie que nous fabriquons d'instant en instant. Cela nous donne la sensation d'exister à travers un pouvoir apparemment créateur. Cela nous occupe et nous évite d'aller à l'essentiel car nous présupposons que l'essentiel n'est pas distrayant.

En allant un peu plus loin dans l'investigation, il apparaît que, bien que nous existions, il n'y a personne à l'intérieur. La personne elle-même fait donc partie du samsâra. La personne elle-même est fabriquée par l'esprit. C'est pourquoi nous devrions inclure notre mental et notre corps dans la réalité du samsâra. Alors, qu'est-ce qui existe ? L'esprit seul, et bien qu'il ne possède ni forme ni couleur et qu'il soit impossible de le montrer. C'est la définition de Sunya, vacuité.

Mais, au fait, le samsâra, bien qu'il n'ait pas d'existence réelle, n'est-il pas présent dans notre expérience quotidienne ? Oui, c'est indéniable. A l'inverse de l'esprit, il possède bien formes et couleurs et peut être montré et expérimenté. Mais en tant que création de l'esprit, il n'existe pas de lui-même. Finalement, le samsâra possède le même statut que l'esprit : il est vide d'existence propre sans pouvoir être nié, Sunya.

Mais alors, si l'esprit (éveillé ou pas) et le samsâra sont tous deux vides, à quoi bon vouloir quitter le samsâra pour le nirvana comme l'a préconisé le Bouddha ? Si l'esprit n'est pas éveillé, le samsâra seul demeure, et nous errons comme des mouches prises dans un pot de miel. Si l'esprit est éveillé, la non-différence entre samsâra et nirvana est réalisée et la Libération actualisée.

Pour aller vers l'éveil, je reviens à mon propos liminaire, nous devrions prendre le samsâra au sérieux et le considérer comme un cadeau, une suprême opportunité de nous éveiller par nous-mêmes à travers la méditation honnête, détendue et pénétrante. Car si nous méditons sur l'esprit seul, le samsâra restera à l’œuvre avec sa cohorte de perturbations pour nous faire chuter. C'est le principe de la fuite faussement paradisiaque.

Les "maîtres d'extase" n'enseignent pas cela. Eux et leurs disciples errent indéfiniment dans la félicité de la conscience cosmique sans jamais plus "toucher terre". Or, aussi plaisant que cela puisse paraître, "errer indéfiniment" est bien le propre du samsâra, ici en sa forme la plus sophistiquée, précisément le monde des dieux (deva) inaptes à se libérer par eux-mêmes. Quand le samsâra les rattrape, on dit que "les dieux sont tombés sur la tête". Ils tombent toujours...

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