Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 160

Jour 160

Je sais bien que chacun d'entre nous doit prendre ses responsabilités et s'engager concrètement dans la lutte sociale et citoyenne pour aider les autres, gommer les inégalités, éradiquer la violence, le vol et le viol. Mais, s'il n'y a pas un réel travail sur soi-même, un retour vers l'intérieur, toute tentative, même des plus généreuses risque fort d'être vouée à l'échec, voire d'aggraver la situation. La lutte devient une guerre, avec ses perdants et ses gagnants, de l'huile sur le feu...

Lorsqu'il ambitionne d'acquérir la Bodhicitta (littéralement le "cœur éveillé"), le postulant doit plonger dans sa propre conscience, loin, loin, afin de trouver les qualités fondamentales du cœur éveillé. Puis, les laisser sourdre dans le monde objectif. Oui, il existe tout au fond de chaque être cette douceur intrépide qui caractérise le Guerrier Spirituel. On se doit d'atteindre cette bonté primordiale gisant au cœur de la luminosité de la conscience du tréfonds.

C'est seulement en retour de ce voyage, qui peut être long parfois, que le Guerrier peut entreprendre d'aider ses frères et sœurs avec douceur et habileté. Il n'y a pas ici d'opinion politique, pas de réactivité émotionnelle, pas de classification et de catégorie, pas de généralisation. Chaque instant, comme chaque être, est une situation immédiate, unique, échappant à tout système de jugement et d'évaluation globale.

Selon l'Adi Yoga, selon les Yogas Sutras de Patanjali, et encore nombre de traditions, la méditation est le sommet du Sentier, le Samadhi (fusion de la conscience personnelle avec le "Tout") étant l'au-delà de ce même sommet. C'est pourquoi le Yoga est moins une histoire de postures ou de respirations qu'un chemin vers l'émancipation totale de nos incarnations transitoires en direction de "l'être tel qu'il est".

L'expérience montre que "l'être tel qu'il est" est fondamentalement bon, doux, lumineux et fraternel. Les Guerriers Spirituels, ayant fourbis leurs armes de douceur et d'intrépidité sont aptes à porter de l'aide. C'est même une injonction de leur propre conscience car l'ouverture du cœur à la vraie nature de l'esprit n'aurait aucune valeur si elle se départissait d'un sentiment actif d'entraide et de fraternité dont l'action sociale et citoyenne sont des composantes majeures. C'est ce qu'on appelle la "Bodhicitta d'action".

Celle-ci repose aussi sur la "Bodhicitta ultime" qui est la réalisation de la vacuité des phénomènes et des êtres dont l'expression objective s'exprime dans l'interdépendance. Le temps est révolu où quiconque pourrait croire qu'une personne, un village, un pays existerait indépendamment de tout son environnement. C'était vrai du temps du Bouddha, mais ça l'est plus encore aujourd'hui. Les individualistes vont périr dans la solitude et le désespoir. Cherchons donc en nous-mêmes cette magnifique fleur de la bonté fondamentale qui permet de rayonner, de s'accorder et de s'aimer.

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