Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 158

Jour 158

Réveillé ce matin avec de grandes douleurs articulaires dans tous les membres. J'avais oublié que c'était un effet secondaire important de l'immunothérapie. J'espère que les analgésiques suffiront. J'ai arrêté les corticoïdes comme prévu. J'attends de voir...

Une bonne nouvelle : alors que l'oncologue a requalifié le cancer à "non petites cellules" (c'est l'appellation quand il n'y a qu'une tumeur) en cancer métastasique suite à l'échec de la chimio et aux nouvelles coulées ganglionnaires, les ganglions du cou ont miraculeusement disparus. On les sent à peine et il faudrait appuyer très fort pour les trouver alors que mon cou avait commencé à se déformer.

Je commence à vérifier que moins j'en fais mieux je me porte. Je continuerai cependant l'immunothérapie pendant trois mois comme prévu mais je reste persuadé que seuls les Tattvas que je vénère comme manifestation éveillée de la grande vacuité-apparences pourraient me guérir.

Pendant la formation, j'ai beaucoup évoqué les deux concepts de "sunya" et "sunié", comme à chaque fois. Ce sont des termes sanskrits difficiles à traduire en langue occidentale. Mais pour faire simple le premier signifie "vacuité" et le second "écouter". Ce sont des maîtres-mots pour les sonneurs de gong.

Sunya a donné en langue européenne le mot synthèse, mais cela ne correspond pas à son sens premier. Une synthèse, vous avez dû l'apprendre à l'école, est le résultat final de l'étude comparative et argumentée entre une thèse et son antithèse. Autrement dit, elle correspond à une sorte de voie du milieu issue d'un mélange inclusif entre deux vues opposées. Comme l'eau tiède... Sunya quant à lui est résolument exclusif. On défend la thèse jusqu'à réaliser son absurdité, puis on défend l'antithèse de la même façon, si bien qu'il ne reste rien, absolument rien de ses postulats. En un mot, ce type de synthèse s'avère "vide", c'est-à-dire sans noumène, sans rien sur quoi faire fond. Cette vacuité des choses est le fondement sans fond et il n'y a rien qu'on en puisse dire ou penser. Mais c'est une réalité empirique sur laquelle le mental fait silence, le parfait silence de la conscience abandonnée à ce qui est.

Sunyé est l'écoute et correspond au fait de prêter attention à toute chose sans jamais s'y compromettre ni spéculer mentalement ou émotionnellement. Au fil de ce type d'écoute attentive et répétée émerge de toutes les choses bruyantes et signifiantes l'éclatant silence de sunya. Alors, il est un fait que sunya et sunyé fonctionnent main dans la main, que l'un mène à l'autre et réciproquement. L'un est l'expérience dans l'esprit et l'autre l'expérience dans le corps.

C'est pourquoi j'invite les sonneurs à constamment écouter le gong, ses subtilités, ses chuchotements, et à se tenir à distance de toute intention, projection, croyance. Grâce à l'écoute, un son pur et libre émerge du gong et atteint sa cible comme jamais, car c'est la vibration co-émergente de sunya qui s'élève alors. Et c'est ainsi que les Medecin'Gong Players peuvent permettre à des miracles de s'accomplir.

En ce qui nous concerne, je veux dire en dehors du gong, par exemple dans la méditation, nous n'avons rien d'autre à faire que de laisser les termes de toute pensée ou émotion s'effondrer naturellement (sunya) comme dans un équarrissage et demeurer attentifs (sunyé) à ce qui se présente alors. Il n'existe rien de plus simple que cette méditation. Tout effort est même son ennemi. Certes, ce n'est pas facile, mais se libérer de la compulsivité samsârique, cela s'apprend. Voilà, c'est tout !

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