Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 142

Jour 142

Maintenant que la chimio a été stoppée, c'est un peu comme si j'étais un soldat sans armure, tout nu et sans défense, abandonné à mon triste sort. Le sentiment de vulnérabilité a remplacé la colère de m'être fait balader par un médecin incapable de me dire la vérité droit dans les yeux. D'ailleurs, ils apprennent ça à l'école de médecine : dire au patient ce qui l'attend palier par palier. C'est de la psychologie de comptoir ! C'est dans ce contexte plus que brumeux qu'on te demande de donner ton "consentement éclairé"...

Pourtant, encore une fois, je me sens libéré dans cette situation-là car la nudité psychique et émotionnelle est justement l'apanage du Guerrier Spirituel. Là, pas question de se la péter, n'est-ce pas ?

Au fait les symptômes du réveil qui se sont produits hier ne sont presque pas revenus. C'est une bonne nouvelle. En revanche, je vois que je ne peux pas tenir sans paracétamol codéiné, et je suis obligé de passer de deux prises journalières à trois. Ça m'ennuie beaucoup car la codéine est addictive. L'autre souci est que je mange de moins en moins. Évidemment c'est compensé par le prâna (je ne suis pas "respirien", ouf) mais il ne faudrait pas que je maigrisse plus.

Dans l'état confus du samsâra, le remède à la peur est rarement le combat mais plutôt une recherche immédiate de sécurité, quitte à user de stratégies improbables, voire irrationnelles. On en a de beaux exemples planétaires aujourd'hui. Cette recherche procède de l'instinct de survie qui fait peu de cas de l'intelligence et de la reliance émotionnelle. Pourtant, il n'est pas possible de trouver un remède à la peur si on se tient à l'écart d'elle. Il ne viendrait à personne l'idée de remédier à un feu de casserole en posant le couvercle dessus. Le remède à la peur c'est d'être avant tout en elle et avec elle, sans projection, sans stratégie. Nous devons goûter à la peur en premier lieu, explorer sa texture, sa mesure, son espace-temps. Le mur est devant et il n'y a pas de voie. Alors vient le remède qui se présente toujours comme l'intrépidité. C'est en d'autres termes la bravoure dont j'ai déjà parlé. L'intrépidité relève d'une appréciation lucide de la situation et de la conscience qu'il n'existe pas d'autre voie. Il ne s'agit pas de sainteté, ni d'héroïsme, car le Guerrier Spirituel, intrépide, pourrait mourir comme n'importe qui d'autre. Mais il le ferait avec dignité, honneur, justesse. La justesse est l'accord parfait entre le monde relatif et celui absolu. Finalement, il sera toujours vainqueur et sa bravoure brillera comme un phare au milieu de la nuit.

En Adi Yoga, "intrépidité" est synonyme de "Prajna", la Connaissance Transcendante. Nous sommes intrépides simplement parce que nous connaissons l'origine des situations, qu'elles soient fastes ou néfastes et agissons en accord avec cette connaissance dans un gracieux dénuement, sans attente et sans projections. L'abandon des prétentions de l'ego est une libération car nous savons qu'elles ont toujours été illégitimes. L'intrépidité est comme ouvrir les portes d'une prison. Certes, les prisonniers vont s'évanouir dans la nature, mais n'oublions qu'il s'agit de prisonniers politiques, ceux du samsâra tyrannique. Alors, bon vent aux carabistouilles !

Mais bon, c'est toujours la même histoire : tant que tu as peur de la mort, tout cela n'est que du flan... 😉

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