Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 130

Jour 130

Lendemain de la chimio, donc ça va bien. Au lieu d'aller vomir mes tripes je suis sur un petit nuage. Je reste donc un cas pour la Science, mais je suis trop vieux pour leur filer mon corps. Et puis si jamais je tombais sur un des fous du fameux "Conseil Scientifique"... 😉

Hier, j'ai appris des choses sur certains effets secondaires importants mais pas du tout douloureux et sur lesquels j'ai obtenu des réponses par mon médecin taiseux. Si si, il parle ! Depuis trois semaines j'ai (comme) du sable sous les pieds. Tu sais, quand tu reviens de la plage et que tu n'arrives pas à enlever le sable encore mouillé et que tu mets tes chaussures. C'est assez désagréable et cette sensation perdure nuit et jour. Eh bien il s'agit d'une neuropathie due à la chimio. C'est connu et moyennement fréquent. C'est une atteinte des nerfs sensitifs qui altère donc les sensations. Finalement, les tremblements du matin qui sont très importants et diminuent un peu dans la journée, les pertes d'équilibre (en raison de la quasi suppression du contact avec le sol), les étourdissements sont tous des petites neuropathies (plutôt des nerfs moteurs cette fois) dues à la chimio et il n'y a pas grand-chose à faire. Me voilà donc rassuré, enfin. Ben oui, s'il n'y a rien à faire, c'est reposant, non ?

La chimio en tant que telle, c'est une guerre. Tu attaques un village rempli de terroristes et tu élimines "sans le vouloir" plein de civils en même temps. Je suis bien conscient du processus. Mais c'est ici une situation d'urgence et je veux préciser qu'il s'agit avant tout de délivrer un message à ces cellules terroristes, car elles ont une conscience collective et je compte plus sur ce message que sur l'action chimique en cours. Plus tard, quand ce processus sera terminé, je m'en occuperai autrement. Car, tout le monde a droit à la vie, tous les êtres y compris les virus, les bactéries, les cellules folles, etc. Si ces cellules comprennent le message, je pourrais entamer des négociations, une trêve ou même m'en faire des amis. C'est possible car il s'agit d'un dysfonctionnement : ce ne sont pas des cellules étrangères mais bien mes cellules qui font du zèle.

Je peux être plus précis si ça vous intéresse. Une cellule (disons "souche") produit une cellule fonctionnelle en charge du travail correspondant au tissu en question, plus une cellule souche strictement identique à sa "mère". Au bout d'un moment, la cellule fonctionnelle, le travail accompli, meure et elle est recyclée comme déchet. L'autre cellule n'a toujours qu'une seule mission, donner naissance à deux cellules comme précédemment, une fonctionnelle et une cellule souche. Elle fait le job puis meurt à son tour. Et ainsi de suite. C'est ce qui fait que nous avons toujours le même nombre de cellules. Elles se régénèrent constamment ainsi. La vieillesse est un ralentissement du processus jusqu’à ce que celui-ci s'arrête pour de bon. Dans le cas d'un tissu cancéreux, la seule différence est que la cellule souche donne naissance à deux cellules souches, puis celles-ci faisant de même, on a quatre cellules souches, puis seize, trente-deux, soixante-quatre, cent-vingt-huit, et ainsi de suite jusqu'à atteindre un milliard de cellules, moment où la mort est quasi certaine comme je l'ai déjà dit dans un billet précédent. Et en même temps, le métabolisme se dégrade puisqu'il y a de moins en moins de cellules fonctionnelles qui peuvent travailler normalement. C'est le principe de l'épuration ethnique, l'épuration "elle te nique" que nous maîtrisons très bien pour faire la guerre ou asservir les peuples. 😉

Le message que doit recevoir la cellule devenue folle est celui de se remettre à faire son boulot normalement. C'est tout. Évidemment, c'est plus facile de remettre les choses en ordre quand il n'y en a qu'une dizaine ou une centaine. Voilà la raison de l'urgence qui motive cette action momentanée et violente de ma chimio. Mais je le redis, le but est de m'adresser à "l'inconscient collectif" de ces cellules pour les amener à comprendre qu'elles peuvent vivre leur vie à fond et sans problème mais à l'unique condition de faire correctement le travail initialement programmé dans leur ADN. Oui, c'est une menace : elles ont un contrat à respecter, impérativement.

Faites l'expérience, ça m'est arrivé de la faire : vous êtes envahis par exemple par des thermites qui vont finir par dégrader gravement votre maison. Dites-leur que si elles continuent, vous aller les exterminer jusqu'à la dernière, faites même semblant d'en écrabouiller une (pas besoin d'aller plus loin) je vous promets qu'en quelques jours elles seront parties car elles se seront passé le mot. Les animaux sont bien plus intelligents que les humains, ça c'est une donnée à intégrer pour de bon. Je suis désolé, mais vous ne pouvez pas leur donner un bout de bois et leur souhaiter la bienvenue et leur disant "venez mes amis, moi je vis dans l'accueil de l'autre, mangez tout ce que vous voulez et après vous pourrez partir..." C'est sûr qu'elles vont le faire ! C'est complètement stupide : "bienveillance de bisounours"  plutôt dangereuse en situation d'urgence, et plus encore à notre époque.

Être dans l'accueil de l'autre est nécessaire d'un point de vue individuel et collectif, et aujourd'hui plus que jamais à l'aube de l’Ère du Verseau où nous devons sortir d'urgence de ces systèmes pyramidaux si idiots et destructeurs. Mais nous ne devrions pas tomber dans un excès inverse et mettre notre société et nous-mêmes en danger. Tout dans la Nature nous montre qu'un organisme, du plus microscopique au plus grand, sait spontanément quand et comment il doit évacuer un ennemi faute de quoi il disparaitrait sans appel dans une spirale mortifère. C'est ce qui permet à la Vie de continuer à travers le maintien d'une homéostasie globale et pérenne. Parfois, il s'agit d'intégrer, d'assimiler, d'autres fois de remodeler ou encore de rejeter.

J'apprends encore et encore. J'en suis seulement là car je n'ai jamais su rejeter et me protéger et ai par orgueil porté bien plus de malheurs d'autrui que ne le pouvaient mes épaules pourtant puissantes. Ce fut l'occasion de grandes joies, et je suis reconnaissant. Mais maintenant que je fais un peu moins le malin, tout s'écroule. Tiens il faut que je le dise à ces cellules ! 😉 Et vous allez voir que je serai bientôt tellement balaise que j'en porterai plus encore, mais je n'oublierai jamais la leçon.

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PS En fait, je voulais vous parler de ma journée d'aujourd'hui qui a été merveilleuse et je ne sais pas ce qui m'a embarqué là-dedans. Alors, ce sera demain, priez donc pour je n'ai pas déjà oublié !!! 🙂

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