Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 128

Jour 128

Matin

Ça fait suer... Je crois que je vais retourner à la codéine. Cinq mois de souffrances, ça fait un peu trop pour moi. Et toute la journée, chaque jour, à m'occuper de pleins de manières de ma santé, je ne sais pas comment trouver la force de continuer. A la longue, ça perd beaucoup de son sens. En fait, s'occuper de ce monsieur, Navjeet, c'est vraiment chiant ! Il y aurait tant de choses plus intéressantes à faire. Je sais que d'une certaine façon, et d'une certaine façon seulement, j'y suis un peu obligé mais j'en ai raz le bol. Voilà, c'est tout. Et si ça continue, avec tout ce que j'ingurgite, je l'impression de me transformer lentement en une sorte de "pharmacie ambulante" ! C'est grave docteur ? Je ferais mieux de demander à ma Mère ! 😉

C'est pour ça que je me suis remis à bosser (électroniquement parlant pour l'instant). Je ne sais pas vivre sans bosser et pour moi ce n'est pas du travail mais la Vie qui frémit. Alors, j'oublie des médocs, me trompe dans les rendez-vous, fais des erreurs dans le garnissage du pilulier, des pauses en raison de l'épuisement tout en travaillant mentalement. Franchement les amies, je trouve qu'être constamment concentré sur soi est une des pires épreuves pour un être humain ! Il paraît pourtant que beaucoup de gens font ou sont ainsi. J'ai du mal à comprendre. Ça ne suffit pas de simplement s'aimer ? Il faut aussi s'auto-draguer ? Se croire plus important que le reste de l'Univers ? C'est quoi ce délire ? Où se trouve l'article de loi qui dit ça ? Je sais, j'en rajoute, mais bon...

Midi

Quand Catherine m'avait recueilli chez elle, j'avais eu l'idée de lancer un Satsang, mais ce n'était pas raisonnable. L'idée me trotte encore dans la tête pourtant. Satsang : des partages tranquilles, vu que je ne suis pas en capacité physique de proposer du "yoga corporel" pour l'instant et aussi parce que c'est une dimension essentielle du yoga que l'Occidental a presque entièrement expurgée de son programme. Ce qui fait que nous trouvons par ici du yoga "saveur yoga" et du yoga avec "fruits entiers". Il en faut pour tout le monde.

Mais peut-être que vous ne connaissez pas ce terme, Satsang ? C'est une contraction de deux mots sanskrits : satya et sangha. Littéralement, cela veut dire "groupement de personnes autour de la vérité". Ça se passe en cercle, et au centre il n'y a... rien. Très important de rappeler la stricte signification car il y a eu, et cela continue, des dérives de sens destinées à valoriser certains enseignants souffrant d'hypertrophie de l'ego spirituel. Ainsi, on rencontre parfois des modèles où les gens se réunissent pour poser des questions à un guru. Pourtant, le guru ici, c'est la vérité, et de plus dans le sens indien du terme, c'est-à-dire l'authenticité ou encore "ce qui ne trompe pas". Le groupe de Gretz (pour qui connaît) traduit "satya" par "essentialité". Pas mal non plus comme proposition. C'est donc une réunion silencieuse, et si quelqu'un doit parler, danser ou chanter à un moment, eh bien il ou elle le fait dans le respect de l'espace global et de chacun. S'il y a un enseignant un peu plus avancé, il est vrai qu'il peut occuper l'espace d'une façon plus importante, mais ça doit être en réponse au désir des autres participants. Et ça peut aller jusqu'à des questions/réponses, mais là aussi ce sont les participants qui décident, simplement parce qu'ils en ont besoin à ce moment-là. Si les choses ne se passent pas dans la spontanéité, le satsang est tout simplement raté. C'est capital à mon avis de bien comprendre cet état d'esprit.

Quand j'étais ado, je participais souvent à des satsangs. On s'asseyait en cercle, mettait un peu d'encens et on attendait, certains en méditation, d'autres comptant les mouches. Parfois il se passait quelque chose, parfois non, et c'était toujours formidable. En plus, cela permettait une vraie pose dans notre vie dissolue car les pétards y étaient interdits ! 😉 Tout le monde ressortait revigoré et plus ouvert. Le fait "d'être ensemble" un moment entre  individus de la même espèce était déjà un bienfait.

Puis, les sectes ont trouvé là un super vivier pour leur pêche aux adeptes. Alors, ça a dégénéré et j'ai laissé tomber. De là vient ce côté "recrutement commercial" tenu par les vendeurs d'eau en poudre. De là vient aussi cette tendance à vouloir presser un enseignant comme un citron pour en sortir des formules magiques. C'est malsain et l'enseignant est mis en demeure de se comporter comme un pervers en herbe, à moins qu'il le soit déjà. Tout cela a beaucoup changé depuis mais je ne puis dire si c'est mieux ou moins bien.

Satsang, quel joli mot ! Être ensemble sans aucune quête, sans territoire, juste quelques ajustements peut-être pour goûter à une vie meilleure, sentir la chaleur de ses voisins et l'unité du "Grand Corps des Créatures" comme dit Bouddha. Je vous raconte ça parce que j'aimerais beaucoup recevoir vos commentaires sur ce genre d'opportunité, surtout en région nantaise.

Soir

Je relis ce que j'ai écrit dans la journée. Rien à redire. Je vais essayer de tenir sans codéine cette nuit. Entre-temps Sylvain m'a téléphoné et ça va bien mieux grâce à lui. Nous avons parlé de beaucoup de choses et il a trouvé le dernier poème très inspirant. J'en suis fort aise, eh bien allez donc dormir maintenant, dit la fourmi.

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