Ecole de Adi Yoga - Nantes et Ile de France
 
Jour 1

Jour 1

J'ai lutté ma vie durant contre la maladie. Il n'y a jamais eu vraiment de vainqueur ou de vaincu, seulement des "collaborations" plus ou moins heureuses...

Mais depuis peu, la maladie prend le pas et je me demande le sort qui m'est réservé. Certains signes avant-coureurs de la mort ne trompent pas. Pourtant, je ne les trouve pas assez clairs et précis pour établir une certitude. Je ne sais pas non plus ce que je souhaite. Peut-être est-ce une opportunité de mort symbolique, un renouveau, une nouvelle naissance ? Peut-être est-il temps de changer d'incarnation ? Cet enjeu est également porté par un état dépressif lié surtout à la marche du monde qui se dessine, un monde minable dont je ne veux pas, ni pour moi ni pour quiconque.

J'ai eu une vie merveilleuse émaillée de souffrances et de bonheurs, d'expériences et d'illuminations de toutes sortes. Tout ce que j'ai pu souhaiter a été réalisé. Merci ! Merci !

Comme je viens de reprendre un peu l'écriture de ce journal, je vais essayer de tenir un compte-rendu journalier. Je ne sais pas où je vais, mais j'y vais... Et puis c'est aussi une démarche d'honnêteté et de transparence vis-à-vis des lectrices et lecteurs et surtout de mes élèves dont je me sens redevable.

Certains d'entre-vous  le savent, en plus de l'asthme, je souffre d'un emphysème héréditaire aggravé par un ancien mode de vie très pollué. Actuellement, je tousse quasiment en permanence, suffoque et parle très difficilement. Pour les cours, les stages et autres ateliers que je tiens, c'est un handicap majeur, et c'est même devenu une souffrance. Je m'y colle sans me plaindre. Mais en ce moment, la plus grosse difficulté est constituée d'étouffements qui surviennent plutôt la nuit suite à un obturation brutale de la trachée artère.

Combatif, j'ai entrepris de rester plus conscient lors des phases d'endormissement, ce qui est relativement facile pour moi grâce au Yoga du Rêve. Voici ce qui se passe en ce moment :

Lorsque le mental se calme, il est censé glisser doucement vers le chakra de la gorge, puis celui de la poitrine, etc. Mais là, c'est différent car il y a une dissociation de la conscience avec le corps, tant physique que pranique. Je me retrouve donc séparé du corps, dans l'espace. D'un côté, c'est merveilleux car tout désir, peur, répulsion, stupidité cessent d'un coup et il reste simplement la conscience claire, placide, attentive. Mais aussitôt, il semble que le corps ne soit pas d'accord et c'est à ce moment que survient l'étouffement, un peu comme s'il voulait faire revenir la conscience à la manière dont on chercherait à raccourcir la corde d'un cerf-volant (bien sûr, c'est une image, du point de vue du corps et non de celui de la conscience). Alors je me "réveille" et tente de faire passer un peu d'air dans la trachée jusqu'à ce qu'elle retrouve sa forme originelle. Il y a un enjeu important car je n'ai jamais la certitude d'y parvenir. Si cela dure trop longtemps, la conscience s'en va à nouveau et je retrouve cette ambiance placide qui me demande d'accepter la situation sans commentaire. Mais mon corps n'accepte pas. Il se bat, comme un lion. Et ma chérie est là aussi, un peu terrifiée, posant ses mains sur ma poitrine.

Je sais bien que "mon corps" n'est pas "moi", que cela ne m'appartient pas et que d'une certaine façon je n'ai pas mon mot à dire. Il est un simple véhicule dont j'ai certainement négligé pas mal des contrôles techniques ! Mais pour l'instant, cela donne des nuits plutôt épouvantables qui s'ajoutent aux journées de difficultés respiratoires importantes. Trop importantes pour moi, et suffisamment pour que je prie régulièrement mon Yidam, ma Mère, de m'emporter loin de ce monde, le plus vite possible. Mais, tu le sais, un Yidam n'en fait toujours qu'à sa tête...

4 Comments

  1. Coutras

    Navjeet ! Une grande tristesse s est emparée de moi à la lecture de ton généreux et courageux témoignage . Puisses-tu te rétablir du mieux possible .
    Je sais qu Élodie est près de toi . Je vous revois tous les deux à votre première rencontre pendant notre formation dans la Creuse ; une belle histoire allait commencer .
    Cher Navjeet je t embrasse .
    Yvonne / Sada Sukh Kaur .

  2. Christian DUMONT

    Bonjour Navjeet,
    Je reste assez stupéfait de ton courage et de ton amour pour autrui, malgré ta propre souffrance.
    Si je peu te donner un petit conseil, c’est de voir quelqu’un qui connait bien le domaine de l’aromathérapie. Je pense qu’il te conseillera de respirer de l' »Eucalyptus Radiata », qui en général est d’une précieuse aide dans le domaine de respiration difficile. Aussi le « Thym » à inhaler avec l’aide d’un nébuliseur.
    Bon courage, on ne t’oublie pas.
    Christian

  3. patricia

    je viens de te rejoindre, de rejoindre tous ceux qui sont déja ensemble. Mais, enfin, nous sommes tous connectés donc si tout cela se passe aujourd’hui, pour moi, et d’Italie, e t si je suis touchée par ce journal….il doit y avoir une merveilleuse raison.

    je suis sur le parcours de la lecture, donc dans l’accompagnement, ici et maintenant, je suis en train de te rejoindre mais j ai voulu commencé ici, du début

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