Quelques jours avant cette retraite, voici le chant que, pour nous tous, je jette par-dessus bord, dans le vent capricieux de l'impermanence, moi-même livré à rien, là où tout est Cela en d'infinis miroitements...
Ôm ah houng hrih !
Dans les dix directions de l'univers
Les bouddhas œuvrent le jour
Œuvrent la nuit
Œuvrent en l'inconscient
Œuvrent dans la mort
Bien qu'ils soient dans le champ pur
Du bouddha de l'Ambre
Les poussins du Garuda
Sans cesse plus nombreux
S'entassent sans force
Et se tordent de douleur
Dans la pièce étroite des conceptions
Bien que leurs plumes se colorent de rouge
Ils s'asphyxient sous la lucarne de la délivrance
Puisse le Père Compatissant intervenir
De son doux regard
Et de sa dextre flamboyante
Qu'il veuille bien briser la coque de l'ignorance
Et sécher nos plumes gluantes de désirs!
Ôm mani padmé houng hrih!
En ce monde et dans l'autre
L'être qui ouvre la porte de la vacuité
En un instant se libère
Et libère d'innombrables êtres
Tous les poussins agonisant
Sont des oiseaux de feu
Fils et filles du Grand Garuda
Qu'on se le dise!
Qu'on y ait foi!
Nourris par les graines de la Claire Lumière
Réchauffés par le Père aux Onze Têtes
Protégés par la Mère aux Sept Regards
Ils déploient leurs ailes
Brisent la lucarne
Et s'élancent dans le royaume infini
Du bouddha de Jade
Le feu se dissout dans l'air
L'air dans l'espace (qui est)
Le monde de l'Un
Où tout reflet est le Joyau
Où tout joyau est la Flamme Autodissoute
Dans le vent de l'Impermanence Merveilleuse
Jouissance du non-désir
Parole du son infini
Corps de vacuité
Non-pensée de l'Autoconnaissance
Ô mon Père Compatissant
Toi qui as des yeux de biche
Toi qui rougeoies dans la nuit
Toi qui maîtrises l'infinie lumière
Veuille tourner ton regard vers moi
Qui suis si faible!
Hrih! Hrih! Hrih!
Sat Nam!