Est-ce une chose que l'on fait? Une chose que l'on est? Autre chose? Rien de tout cela. Méditer, c'est simplement retourner vers ce que l'on est. Et pour y parvenir, on a besoin de "faire" quelque chose de spécial... le temps de rentrer à la maison...

Les belles théories ne suffiront jamais à mettre notre esprit en face de l'état méditatif que l'on appelle Dhyâna. Au plus servent-elle à esquisser un contexte et une méthode. Pour commencer vraiment à comprendre comment méditer et à quoi cela peut servir, chacun a besoin d'une expérience.

Tous les êtres, progressent, évoluent ou dégénèrent à la suite d'expériences. Une expérience, c'est un modèle psychique qui se fissure et laisse apparaître un espace de conscience et de connaissances tout-à-fait nouveaux. La méditation n'échappe pas à ce processus. Mais pour une fois, on jette un œil dans cette fissure, on s'y attarde au lieu de se laisser emporter par la frénésie ambiante du monde. Méditer, c'est s'entraîner à être présent, totalement présent dans ses propres fissures. Bon alors, c'est quoi une fissure?!?

1Il existe de nombreuses fissures intéressantes pour un yogi méditant. Par exemple le moment où une pensée s'évanouit et une autre apparaît, le moment où l'on perd le contrôle d'une situation avant qu'une nouvelle situation s'organise, celui de la mort où la vie nous quitte et que nous sommes encore conscient, celui du "coup de foudre" qui bouleverse notre cœur, celui de l'espace suspendu entre deux respirations, celui de l'orgasme où l'on perd tout contrôle... Dans tous ces moments, à leur point-exquis, est manifestée une conscience pure, sans limite ni objet, parfaitement claire et libre. C'est la genèse de notre propre conscience, le champ expérimental de ce que nous sommes en amont de toutes les fabrications mentales, émotionnelles ou autres. Et si le méditant "est-là" à ce moment-là, il s'éveille, s'ouvre comme une fleur et soupire de bonheur à la vue de ce qu'il est réellement depuis l'origine. Vous voyez, ma petite liste montre que les occasions ne manquent pas de se frotter à nos fissures et de découvrir cet espace lumineux de la conscience que l'on nomme Claire-Lumière!

Évidemment, il est très difficile de casser des modèles d'existence insatisfaisants, car nous sommes attachés à nos croyances et à nos conceptions, et souvent préférons souffrir en sécurité plutôt que d'arpenter les chemins sans garantie de l'Éveil! En sommes, nous trouvons un certain équilibre dans le fait de traîner péniblement notre carcasse dans un monde imbécile. Ah! Ah! Mais nous restons quand-même insatisfaits. Re-Ah! Ah! Happé par les circonstances quotidiennes, elle-mêmes conditionnées par nos vieux modèles, le mental surfe sur la réalité ordinaire sans jamais prendre sa douche! Je veux dire "se baigner dans l'océan de sa réalité sous-jacente, pourtant beaucoup plus simple, ouverte, lumineuse et remplie d'amour".

Voilà à quoi sert la méditation. Allons voir de plus prêt le monde sur lequel s'ouvrent nos fissures. Cette rencontre, progressive ou soudaine, modifie notre relation au Cosmos, aux autres et à nous-mêmes, au point que notre personne se ré-organise, s'ancre et se structure spontanément sur des modèles intimes plus profonds, plus simples, plus aimants, et finalement plus éveillés. Bien-sûr, il y a des milliers d'autres bienfaits résultant de la méditation. Comme je le dis souvent, ce sont des "bienfaits collatéraux". Tant mieux! Mais ils ne peuvent être le but de la méditation sans dénaturer à court terme l'expérience elle-même et son bienfait essentiel qui, lui, est merveilleux, inexplicable et intransmissible.

L'expérience de la nature de l'Esprit est semblable à un tatouage indélébile, un constant rappel au mental de ce qu'est en nature et en essence notre être le plus intime : Vide libre et Félicité radieuse. Bordée d'une telle connaissance, la Voie est gracieuse et sans efforts. Elle conduit vers l'amour de tout et le savoir sans mot.

Namasté

Navjeet Singh